Le groupe
Biographie :

Antigama est un groupe de grindcore polonais formé en 2000 et actuellement composé de : Sebastian Rokicki (guitare / ex-Dissection, ex-Garden Of Worm, ex-Leb Prosiaka, ex-Different State, ex-Herman Rarebell), Lukasz Myszkowski (chant / ex-Sparagmos, ex-Leb Prosiaka), Pawel Jaroszewicz (batterie / Hate, Soul Snatcher, ex-Crionics, ex-Hazael, ex-Christ Agony, ex-Hell-Born, ex-Lost Soul, ex-Thy Disease, ex-Vader, ex-Interior, ex-Rootwater) et Sebastian Kucharski (basse / Fuzz, ex-Ketha, ex-Mess Age, ex-Rape On Mind). Antigama sort son premier album, "Intellect Made Us Blind", en Avril 2002 chez The Flood Records, suivi de "Discomfort" en Avril 2004 chez Extremist Records, de "Zeroland " en Novembre 2005 chez Selfmadegod Records, de "Resonance" en Mai 2007 chez Relapse Records, de "Warning" en Mars 2009 chez Relapse Records, de "Meteor" en Mai 2013 chez Selfmadegod Records, et de "The Insolent" en Mai 2015 chez Selfmadegod Records.

Discographie :

2002 : "Intellect Made Us Blind"
2004 : "Discomfort"
2005 : "Zeroland "
2007 : "Resonance"
2009 : "Warning"
2012 : "Stop The Chaos" (EP)
2013 : "Meteor"
2015 : "The Insolent"


La chronique


Pour le thrash, il y a Slayer. Pour le death, il y a Vader. Mais si on ne devait en garder que quelques uns parmi les nombreux qui s'illustrent sur du grindcore, Antigama en ferait certainement partie. Alors, par où commencer ? Déjà le line-up, accrochez-vous : à la gratte, Sebastian Robicki (Dissection, Garden Of Worm, Vexation, Leb Prosiaka), au chant Lukasz Myszkowski (Sparagmos, Leb Prosiaka), à la batterie le divinissime Pawel Jaroszewicz (Hate, Decapitaded, Vader, Lost soul, Nerve, Soul Snatcher etc...) et encore Sebastian Kucharski (Fuzz, Ketha, Mess Age, Rape On Mind). Bref, on pourrait s'arrêter là, s'incliner devant cet énorme CV polonais et foncer écouter ce super groupe / album, mais ce n'est pas tout. En effet, après "seulement" une quinzaine d'années d'existence, Antigama a multiplié les productions, en compagnie de charmants groupes : Pig Destroyer, Nyia, Coldworker etc... Bref, je ne change pas d'main, je sens qu'ça vient.

Vous ne connaissez sans doute pas tous les groupes que je viens de citer, et pour être honnête, moi non plus. Mais qu'ils soient bons ou moins bons, ces groupes ont tout de même la réputation de faire dans le bourrin, le sauvage. Bien qu'Antigama n'échappe pas à cette règle, il serait sûrement bien trop précipité de les limiter à cela. Ne confondons pas grindcore et grindcore. Certes, Antigama n'est pas à mettre dans les mains de n'importe qui, mais au-delà, ce groupe s'illustre par son originalité, sa technique, sa patience, sa variété, son style unique, ou plutôt ses styles.

Bien sûr, le début d'album, ça reste du grindcore de chez grindcore, du Nalpalm death façon pays de l'Est (oui, j'suis nul en géographie et je trouvais la rime plutôt cool, quoiqu'un peu tirée par le slip). Mais à l'image de sa terrible pochette futuriste, Antigama sait anticiper l'éventuelle répétition et se diversifie sans qu'on ait à leur demander. La modernité, voire la science-fiction, dons laquelle Antigama nous plonge, voilà qui mérite également le détour. En résulte une délicieuse piste comme "Out Beyond", qui navigue entre dark electro progressive et metal expérimental plus technique. Le résultat surprend, et moi le premier d'ailleurs, car rarement friand de ce genre de délire ; mais je dois avouer que j'ai été immédiatement conquis. Le fait que cette piste soit placée vers la fin de l'album n'est sûrement pas dû au hasard, puisqu'elle vient calmer un peu le jeu après une première partie clairement placée sous le signe de la violence. Dans le même sens, on pourra citer la dernière piste, "The Land Of Monotony", qui trouve beaucoup plus son charme dans l'atmosphère qu'elle diffuse, sur de gros riffs lents, une voix plus rare et un côté expérimental tout à fait satisfaisant.

Néanmoins, "The Insolent" n'est pas l'album parfait, et pour plusieurs raisons. Tout d'abord, nul doute que ce mélange grindco-groovo-electro-darko-expérimental risque de décevoir plus d'un fan de violence pure et dure façon boucherie intestinale. De plus, j'ai tellement adoré cet album que j'aurais voulu y trouver la cerise sur le gâteau, qui en l'espèce aurait été un peu plus de technique. Quand on voit ce dont le groupe est capable, on se dit vraiment qu'envoyer du solo de folie, ça doit être dans leurs cordes (trop drôle). Je pourrais enfin estimer qu'une trentaine de minutes, ce n'est pas assez pour un si bon cru, mais non, pour du grindcore, c'est très bien, voire excellent.

Au final, je suis très étonné d'avoir pu autant apprécier du grindcore (non dégueulé) qui basculait vers des styles plus calmes ; mais pour autant, Antigama nous prouve qu'ils savent aussi faire dans les hurlements viscéraux, les riffs torturés et la double pédale bien cognante, comme en témoigne la première moitié de l'album. Alors même si certains spécialistes casse-couilles pourront penser que c'est un groupe qui a perdu en intensité ou qui fatigue, nul doute que cet album surclasse bon nombre de productions métallurgiques actuelles, qu'elles soient grindcore ou non d'ailleurs…


Grouge
Juin 2015


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/antigama