Le groupe
Biographie :

Fondé en 2003 par Hugues Lefebvre (chant, guitares acoustiques et électriques) et après une première démo 5 titres, Anthropia devient en 2004 un projet solo évoluant dans un style power prog inspiré par des groupes tels que Symphony X, Megadeth, Pain Of Salvation, Ayreon, Dream Theater, etc. Ce projet se concrétise en 2006 par la sortie d'un premier album sur le célèbre label américain Magna Carta : "The Ereyn Chronicles, Part 1". Accompagné de Damien Rainaud à la batterie et suite à l'excellent accueil du disque, Hugues s'adjoint alors les services de Nathalie Olmi (chant), Yann Mouhad (guitares) et Julien Negro (basse), ceci afin de pouvoir interpréter l'album en live lors d'une série de concerts. Le groupe se produira notamment au festival Tomawok à Nice, en première partie du groupe de prog anglais Magnum au Trabendo à Paris, et effectuera également plusieurs showcases dans différents magasins FNAC. En 2009, le groupe sort son deuxième album : "The Chain Reaction", mixé par François Merle, guitariste de Manigance, et masterisé par Tommy Hansen (Helloween, Pretty Maids, ...). Kevin Codfert d’Adagio y fait également une apparition. Le groupe enregistre en 2010 un showcase acoustique en vue de la sortie de son premier album live : "Acoustic Reactions". "Non-Euclidean Spaces" sort au printemps 2015. Cet album est un hommage à l'auteur H.P. Lovecraft, et à son célèbre mythe de Cthulhu. L'album, dont le titre fait référence à l'architecture cyclopéenne et impossible si chère à l'écrivain, reprend les thèmes présents dans l'univers de ses nouvelles et romans, tout en développant une histoire originale.

Discographie :

2006 : "The Ereyn Chronicles Part 1"
2009 : "The Chain Reaction"
2010 : "Acoustic Reactions"
2015 : "Non-Euclidean Spaces"


Les chroniques


"Non-Euclidean Spaces"
Note : 16/20

Le metal progressif n'est pas vraiment le style qui ramène le plus de monde en France, et pourtant notre scène prog se tient bien ces dernières années. De plus en plus de groupes du genre apparaissent, d'autres formés il y a quelques années continuent leur progression, bref le feu sacré est là ! Anthropia, formé en 2003, a bien roulé sa bosse et nous délivre son troisième album (après le petit intermède acoustique "Acoustic Reaction"), "Non-Euclidean Spaces". Avec un nom pareil, pas étonnant d'apprendre que le concept tourne autour du mythe de Cthulhu de Lovecraft (j'ai beau avoir lu l'intégrale du maître, je ne sais jamais comment écrire le nom de cette satanée pieuvre géante).

Et si par le passé on pouvait penser que les ambiances relatives au concept ne se ressentaient pas assez au sein de la musique, cette remarque n'a plus lieu d'être pour ce nouvel album, dès l'intro et le morceau "The Melancholy Of R.C.", on sent à la fois la mélancolie, un petit côté glauque et quelques passages un peu plus tordus histoire de montrer qu'on est chez Lovecraft. Un premier morceau qui en met plein la vue d'entrée de jeu, des riffs agressifs et rentre-dedans, des mélodies belles et étranges, des soli de guitares à la fois techniques et mélodiques, bref c'est un uppercut droit dans les dents en guise de présentation ! Si on peut dire que le groupe évolue en général dans un metal progressif assez puissant, il n'empêche que cet aspect "montagnes russes" va se répéter tout au long de l'album, d'autant que pour faire honneur au concept inspiré de Lovecraft, on sent un petit grain de folie dans la musique d'Anthropia cette fois. "Non-Euclidean Spaces" fait honneur à son nom et on ne sait jamais de quel côté il va attaquer ni quelle forme exacte il a, les ambiances sont variées, les styles se mélangent et le groupe prouve qu'il se fout allègrement des barrières. Les chant de Nathalie Olmi et d'Hugues Lefebvre se mélangent parfaitement, le partage des lignes de chant semble parfaitement naturel et aucun ne prend le pas sur l'autre. Dit comme ça, ça peut sembler évident, mais il n'est pas toujours facile de bien placer plusieurs voix. Pour l'aspect purement instrumental, rien à redire non plus, c'est techniquement impressionnant sans jamais tomber dans la démonstration facile et les mélodies ont toujours leur mot à dire.

Il est évident que le groupe a progressé à tous les niveaux, le son est énorme et parfaitement clair et leur sens de la composition s'est encore affiné. Les six années qui séparent ce nouvel album de "The Chain Reaction" ont été utilisées à bon escient, Anthropia s'est clairement dépassé. Ce n'est pas compliqué, l'album dure 70 minutes et on ne les voit tout simplement pas passer. Malgré le fait que les morceaux soient tous assez longs (globalement entre 6 et 10 minutes), on ne ressent pas vraiment de passage à vide. Notons que l'album est sorti une fois de plus en autoproduction chez Adarca Records, le propre label du groupe, et on peut dire qu'un sacré boulot a été fait à tous les niveaux. Parce que oui, l'objet en lui-même vaut le coup aussi, la pochette est superbe et colle parfaitement au nom de l'album, mais tout l'artwork en général et le livret sont à tomber. La pochette a été réalisée par David Demaret qui s'occupe aussi des illustrations des cartes du jeu L'appel de Cthulhu, pas étonnant donc que la qualité soit au rendez-vous. On notera aussi des guests de luxe, avec entre autres Arjen Lucassen qui s'occupe de la narration et Edu Falaschi qui chante sur "The Snake Den", excusez du peu !

Pour faire simple, si vous avez aimé "The Chain Reaction", dites-vous que ce nouvel album l'explose à tous les niveaux ! L'album est touffu, comme tout album de prog qui se respecte, et il faudra un paquet d'écoutes pour le connaître sur le bout des doigts. L'équilibre quasi parfait entre la complexité et l'accroche fait qu'on s'y plonge malgré tout sans aucune réticence, et si l'album est riche, il ne perd jamais l'auditeur en cours de route.


Arch Gros Barbare
Avril 2015




"Acoustic Reactions"
Note : 12,5/20

Groupe respectable et respectueux de la scène heavy prog, très efficace dans sa création musicale avec seulement deux albums "The Ereyn Chronicles" et surtout le superbe "The Chain Reaction" sorti en 2009, Anthropia ne déroge pas à la règle inhérente à ce style de groupe en proposant un album acoustique et ici en l'occurrence plutôt un mini album acoustique. En effet, on retrouve 8 titres acoustiques enregistrés à la Fnac de Monaco en Mai 2009. Le risque n'est pas très grand, mais il aura fallu tout de même réorchestrer ces huit morceaux d'une quarantaine de minutes pour les adapter à la prestation live et la chose représente pas mal de boulot.

L'exercice de style est assez courant de ce côté du monde musical, déjà testé en live par d'autres groupes à tendance prog qui méritent aussi notre attention, je parle de Amartia ou encore The Last Embrace. Et pour le coup je suis resté un peu sur ma faim, et un peu déçu de l'artwork et du chant par moments. Certes, à l'occasion d'une sortie live et encore plus acoustique on a tendance à faire les choses plus simplement, ici Anthropia ne nous a offert qu'un booklet plutôt pauvre reprenant la thématique de "The Chain Reaction", avec à l'intérieur quelques photos du show.

Les chansons présentes sur ce CD, sont issues principalement de leur second album, puisqu'on y retrouve cinq titres sur les huit placés sur cet album, et les trois autres étant des reprises à savoir "Africa" des monstres Toto, "Hole Hearted" de Extreme et évidemment "Wasted Years" d'Iron Maiden. Sur les chansons tirées de "The Chain Reaction", il n'y a absolument rien à dire, l'ambiance est magnifique, les arrangements savoureux, "The Altar Of Trust" est sublime, la ballade "The Torn Off Wing Of The Butterfly" fait fondre la glace. Il ne manquait que "Trinity" et c'était énorme. D'ailleurs "The Torn..." est interprétée d'une manière si mélancolique qu'elle nous rappelle les ambiances à la Anathema ou encore Antimatter. Mais j'ai beaucoup plus bloqué sur "Africa" en ce qui concerne le chant de Nathalie qui semblait relativement inadéquat à mes oreilles de néophyte. "Hole Hearted" passant un peu mieux alors que l'interprétation réellement rock de "Wasted Years" est absolument merveilleuse.

Dans l'ensemble, cette album est très soft, les chansons ayant été très polies pour leur orchestration acoustique, quelque chose de très pop rock, peut-être approprié au public qu'ils avaient devant eux. En tous les cas, Anthropia montre qu'il est une entité capable de faire tomber des frontières en adaptant sa musique intelligemment. Maintenant hormis la qualité indubitable de ce groupe, il ne faut pas s'attendre à quelque chose de metal, mais plutôt à une ambiance feutrée, évoluant dans du velours. Alors en fait oui, c'est plutôt ouvert à un large public, très large... Qui s'en plaindra ?


Arch Gros Barbare
Avril 2011




"The Chain Reaction"
Note : 13/20

Que les petits curieux avides de sons nouveaux se précipitent sans attendre sur "The Chain Reaction", nouvel opus de nos chères Niçois d'Anthropia. Après un début prometteur avec "The Ereyn Chronicles Part 1" mais manquant quelque peu de cohérance, la formation signée chez Adarca Records revient avec un concept-album au synopsis des plus intéréssant : "L'âme #COTDM-52899 a atteint ses limites. A chaque fois qu'on la renvoie sur Terre, on lui promet que cette vie mortelle sera la dernière, et qu'à son retour on l'acceptera enfin au paradis. Mais #52899 n'y croit plus, et sa haine ne cesse de grandir à chaque séparation d'avec son âme soeur #7237 dans le monde des humains...".

Insufflé par une pochette aux couleurs froides et à l'allure futuriste, nous voilà déjà plongés dans l'univers power / prog de ce qui fut à la base un projet solo d'un seul homme, Hugues Lefebvre, complété par la suite pour la nécéssité du live. Impulsée par une introduction aux sonorités modernes et inquiétantes, bien vite l'ambiance n'est plus à l'apocalypse mais seulement à un son plus anodin de groupe de power metal. Cependant quelques éléments plus personels apportent à la formation sa propre griffe, à savoir un remarquable travail au niveau du chant partagé entre voix masculine et féminine, une grande diversité des intruments avec notamment en guests Kévin Codfert (piano / Adagio) et Jean-Philippe Mangeot (violoncelle), ainsi que quelques ballades et solos qui savent en général bien se maîtriser. Malgré cela le plus regrettable semble être que le groupe est passé à côté de l'essentiel, à savoir le parallèle entre le concept et la musique... En effet cette dernière ne laisse en rien, si ce n'est les paroles, transparaître l'idée originale de "The Chain Reaction", les bons riffs accrocheurs sont bien trop souvent éclipsés par un son au final sans grand intérêt.

Anthropia propose ici un disque empreint d'une grande motivation mais dont malheuresement la musique ne reste que peu captivante, peut-être dû à un trop plein d'éléments ou de passages à la limite du pompeux, dont le concept aurait gagné à ne pas être travaillé qu'au sein de l'imagerie et des paroles. Malgré tout gageons que cette formation Niçoise soit promue à un bel avenir, même si destinée à un public particulier, lassé de ce que la scène power / prog actuelle peut avoir à offrir...


Jillian
Mars 2009


Conclusion
L'interview : Hugues Lefebvre

Le site officiel : www.anthropia.org