Je réalise que ça fait longtemps que je n’ai pas injecté dans mes oreilles un bon vieux Botch ou un The Chariots. Evidemment comme beaucoup de choses en "post-…", c’est la permission de puiser dans d’innombrables autres styles.

Tout sauf sage, Anna est d’une violence incroyable. Une énergie qui brûle sous les coups d’une rigidité, d’une clarté dans le jeu, et qui en démultiplie la puissance de frappe. Tu as peut-être rien compris mais de toutes les façons je ne me relirai pas. Mais attention, Anna Sage ce n’est pas juste un bruit chaotique brut. Son hardcore est nuancé par la mélancolie. Parfois progressif le groupe sait faire la part belle aux parties instrumentales. Le chant, quant à lui, se superpose brillamment sur des parts bien choisies. Aucune overdose de rien donc, l’album est parfaitement équilibré sans jamais être linéaire. Je retourne la pochette, je suis à la moitié de l’album. Les mecs ne sont pas avares. Putain, c’est cool !

C’est un peu plus tard que je fais attention à l’illustration, qui est, mais alors, parfaitement en accord avec l’ambiance musicale. Celle-ci même qui prend une dimension presque philosophique quand on découvre la vraie vie d’Anna Sage. Le disque continue de distribuer une musicalité agréable, violente, bien construite, carrée. Tout ce que j’aime sur ce genre d’album.

Serait-ce un sans faute pour le premier album d’Anna Sage ? Sans aucun doute ça l’est ! Tous les éléments sont alignés à la perfection. Les compositions avec l’interprétation, elle même mise en valeur par tout le travail autour de l’enregistrement, jusqu’à cette pochette évocatrice. Même mes parents, jamais, ne m’ont mis un tel aller-retour !

Passons les références qu’on a à peu près vues partout. Après un premier skeud comme une sorte d’uppercut en 2014, Anna Sage revient des années après pour un (petit) EP d’une vingtaine de minutes. Ouais, petit, parce que quand c’est bon, c’est quand même beaucoup trop court.

L’EP est démentiel, dans la veine de ce que le groupe a déjà proposé par le passé, mais en beaucoup mieux, plus violent et plus puissant. C’est sale mais maîtrisé à la fois, c’est dans un esprit metalcore qui tache mais c’est également maîtrisé dans la production (signée du studio Sainte Marthe). Ici, il n'y a pas l’excuse du "On fait du musical sale donc on chie sur la production", c’est audible et bien gaulé, avec cette dose d’organique qui manque de plus en plus dans nombre de productions actuelles. Pas d’effets superflus sur la totalité des morceaux. Ça envoie grave, tu sens la crasse mais sans être obligé de te dire "Putain mais on capte rien au mix". C’est bien composé, rythmé et puissant, empruntant ici et là, posant tantôt des semblants de hardcore ou tantôt un metalcore bien couillu. D’un point de vue général, c’est très lourd, les six morceaux sont brefs, concis, efficaces. L’impression d’un autobus déboulant et de lourdeur noire n’est pas vaine.

Anna Sage avait déjà proposé par le passé des choses intéressantes, laissant entrevoir de belles promesses, les rapprochant des plus grands. Avec "Downward Motion", ils risquent de frapper très fort grâce à EP aussi court que passionnant, aussi bien dans la construction, le mix et dans les différentes sonorités qu’on y trouve. Entre technicité haut de gamme pour la partie rythmique, puissance des guitares et chant déchiré et haletant, on trouve tous les ingrédients des très grands.