Le groupe
Biographie :

Après un premier EP plutôt black, les Irlandais de Altar Of Plagues ont évolué vers un style hybride mélangeant black metal, industriel et post metal / rock à la Khanate, Graves At Sea, Old Man Gloom, Isis, Mogwai ou encore Red Sparowes. Le groupe a tourné en Angleterre avec Mayhem. "White Tomb" sort en Avril 2009 chez Profound Lore Records, avant de ressortir chez Candlelight Records en 2010. "Mammal" voit le jour en Avril 2011, toujours chez Candlelight Records. En Avril 2013, c'est au tour de "Teethed Glory And Injury" de sortir chez Candlelight Records pour l'Europe, et Profound Lore Records pour les USA.

Discographie :

2007 : "Through The Cracks Of The Earth" (EP)
2008 : "Sol" (EP)
2009 : "White Tomb"
2010 : "White Tomb" (Réédition)
2010 : "Tides" (EP)
2011 : "Mammal"
2013 : "Teethed Glory And Injury"


Les chroniques


"Teethed Glory And Injury"
Note : 16/20

Les Irlandais d'Altar Of Plagues nous reviennent déjà avec un nouvel album, deux ans après un "Mammal" qui les voyait s'aventurer vers quelque chose de plus sombre et plus sale que par le passé. Quand est-il donc de ce "Teethed Glory And Injury" ? Sans surprise la musique du groupe n'est pas devenue plus joyeuse, mais Altar Of Plagues a une fois de plus muté.

Premier gros détail surprenant le tracklisting, les Irlandais nous ayant habitués avec leurs deux premiers albums à quatre titres bien longs. Cette fois il y en a 9 et leur durée a par conséquent été revue à la baisse, on tourne globalement autour des 5 minutes. Mais pas de standardisation pour autant, Altar Of Plagues a enrichi sa crasse sonore d'autres influences et installe ici une ambiance encore plus glauque et noir que précédemment. Cette fois le groupe a été puiser dans tout ce que la musique industrielle a de plus sale et de plus flippant pour l'incorporer à sa formule de base, de quoi descendre encore plus bas. Car si la musique d'Altar Of Plagues est encore empreinte de cette sombre beauté qu'on lui a connue dès ses débuts il n'empêche qu'elle est majoritairement plus oppressante que sur ses deux précédents essais. Sur "Teethed Glory And Injury", vous allez plonger au cœur d'un monde apocalyptique, en pleine déchéance et dans lequel la folie et la mort vous guettent. Sur cet album, on sent toute la crasse des villes, la déliquescence de la civilisation, tous nos pires travers nous sont renvoyés en pleine tronche pendant près de 50 minutes !

Les quelques passages plus mélodiques dont l'album est parsemé sont d'autant plus poignants, ils débarquent au milieu des ruines en apportant un pâle rayon de lumière là où ne s'attendait qu'à sombrer. Pour faire simple cette fois encore Altar Of plagues réussit à nous prendre à la gorge et à nous nouer l'estomac en créant une sorte de mélange de folie et de rage entrecoupé de temps en temps par une légère touche d'espoir. Et malgré la séparation du tracklisting en 9 pistes, l'album n'est en fait qu'un seul et unique gros morceau de 49 minutes, c'est de cette façon qu'il doit s'écouter et c'est la seule qui peut vous permettre de saisir le propos du groupe. Ce genre d'album demande toute notre attention, on ne peut pas en retirer un titre à écouter comme ça en coup de vent. Eloigné des anciennes réminiscences post black, le groupe part dans son monde et va laisser du monde derrière, sa personnalité s'étant totalement affirmée sur ce nouvel album. Impossible de rapprocher ça de quelque chose d'autre, Altar Of Plagues a créé un monstre en l'espace de trois albums et certains devraient en prendre de la graine.

On pouvait noter une évolution légère mais perceptible entre "Mammal" et "White Tomb", cette fois le groupe a totalement dynamité ce qu'on connaissait de lui. "Teethed Glory And Injury" ne marque pas une simple évolution, il part loin devant ses deux grands frères pour batir quelque chose de bien plus impressionnant et personnel. Même la pochette se démarque des autres, une simple photo non retouchée d'une femme dans une posture digne d'une contorsionniste. A l'image de l'album finalement, un voyage bien turbulent qui va vous retourner dans tous les sens.

Au final, "Teethed Glory And Injury" accouche avec son troisième album d'un bébé qui risque de provoquer des réactions quelque peu ambiguës, il renvoie une impression de beauté repoussante en quelque sorte. A cheval entre la beauté et le côté aérien qu'on lui connaissait par le passé et un côté bien plus malade et glauque, quelque chose qui aime bousculer l'auditeur et lui faire perdre tous ses repères.


Murderworks
Juin 2013




"Mammal"
Note : 16/20

La scène Irlandaise commence à faire parler d’elle ces dernières années, et parmi les groupes qui sortent du lot on peut citer Altar Of Plagues. Après avoir sorti deux EPs, un premier album et un autre EP, voici la deuxième galette du groupe "Mammal". Son prédecesseur "White Tomb" m’avait mis une belle baffe d’ailleurs, torturé, magnifique et malsain à la fois, le voyage était mouvementé et valait carrément le détour ! Le tout était de savoir si le groupe allait pouvoir réitérer l’exploit sur ce deuxième album.

Pour vous situer un peu le décor Altar Of Plagues fait partie des groupes qui ont été classés sous l’étiquette post-black, en gros des racines black greffées à des influences plus mélodiques et le côté aérien des groupes de post-rock / core (du black qui aurait écouté Neurosis et Cult of luna, voir même Isis). Le premier album, malgré des accélérations récurrentes et du blast (ces derniers sont en fait un peu plus présents), était habité par une forme de mélancolie et de beauté assez prenante. Pour ce deuxième album on se dit à première vue qu’ils ont repris la formule à l’identique, 4 morceaux comme pour "White Tomb", l’ensemble tourne là aussi autour des 50 minutes, ce qui nous fait bien entendu déduire que les morceaux ne sont pas devenus plus courts.

Ce qui surprend dans les premières secondes, c’est le changement de son, qui est plus gros et plus étouffé que sur son prédécesseur qui bénéficiait d’une prod' assez sèche. Pour le reste on se dit qu’effectivement c’est pareil, premier morceau de l’album qui commence sur une batterie soutenue en appui sur des riffs incisifs histoire de bien faire ressortir les influences black. On accueille la traditionnelle accalmie sans surprise, en se disant que le groupe a suivi la voie déjà toute tracée par le premier album. Oui mais non en fait, parce qu’arrivé à la fin de la galette le changement nous apparaît plus clairement. Bon pas de révolution non plus hein, c’est du changement dans la continuité comme on dit, ce qui nous permet d’ailleurs d’avoir affaire une fois de plus à un très bon album.

Altar Of Plagues a quelque peu délaissé le côté très mélodique qui pouvait donner un air niais au groupe pour certains, les Irlandais ont renoué avec une forme plus sombre et plus torturée. Même si les mélodies sont encore présentes, elles sont beaucoup moins lumineuses et nous tirent vers les profondeurs au lieu de nous faire voyager dans je ne sais quelle contrée perdue. D’où l’aspect plus compact, plus étouffé et plus lourd de la prod' cité plus haut, il fallait bien ça pour bien enrober ces quelques visites dans les profondeurs. Autres différences notables, le chant a changé puisque que les ¾ du line-up sont différents de celui de "White Tomb". Les cris sont ici beaucoup plus vicieux et arrachés, tous les aspects de la musique d’Altar Of Plagues ont subi un décalage vers le noir.

C’est bien évidemment le genre d’albums qui demande à ce que vous lui accordiez toute votre attention, si vous passez l’aspirateur en même temps je ne vous cache pas que l’effet sera quand même bien moindre. C’est d’autant plus indispensable que comme sur "White Tomb", les 4 morceaux sont liés, il n’y a pas de blancs, pas de pauses entre les différents titres. Ce qui fait que les albums d’Altar Of Plagues doivent être perçus comme un seul très long morceau, ce n’est que comme ça qu’ils délivreront tout l’arôme de leur venin (ça fait un peu Jacques Vabre ouais). Et là où celui du premier album était assez lisse, celui-ci devrait vous piquer un peu plus la langue. "Mammal" est plus homogène dans sa noirceur, peut être plus cohérent et en tout cas plus agressif, et l’impression de bloc qui se dégage à l’écoute de l’album est encore renforcée.

Altar Of Plagues vient de prouver qu’il peut évoluer, lentement mais sûrement, et continuer à nous livrer des galettes de qualité. Entre les EPs et les albums, on peut dire que ces Irlandais sont prolifiques et qu’on ne devrait pas tarder à réentendre parler d’eux d’une façon ou d’une autre. Et je suis quasiment sûr qu’on aura encore à faire à quelque chose d’intéressant, le groupe ayant apparemment trouvé son son et ce qu’il veut exprimer.


Murderworks
Septembre 2011




"Tides"
Note : 14,5/20

Sorti chez Profound Lore Recs en 2009, Candlelight s'est approprié Altar Of Plagues pour ressortir en 2010 ce premier album après deux EPs. Tout ce qui possède Altar dans son titre ou dans son nom, semble être souvent synonyme de bon goût. Je pense à "Altars Of Madness" ou le groupe Altar. Cette équation du Einstein du pauvre, semble se révéler juste avec Altar Of Plagues. Ce groupe est qualifié de black métalleux, c'est vrai que dans les grandes lignes c'est immédiatement l'étiquette qu'on peut lui coller. Mais quand on y regarde de plus près, Altar Of Plagues possède un tout autre aspect en profondeur, des nuances qui vont au-delà de la simple classification de black metal.

Tout d'abord, j'y ai découvert dans l'artwork, et le design une esprit très doom, très ambiant. Point de noirceur récurrente du black metal, ici les Irlandais ont opté pour un truc sobre, avec un pylone au milieu de nulle part. Ce genre de pochette se retrouve souvent chez les groupes comme Raison d'Etre ou les ambiance Thergothonienne. Je ne sais pas si vous saisissez le trip, très spleenant, très mélancolique de la chose... Et donc Altar Of Plagues a saisi cette idée amère et glauque du visuel triste et urbain en même temps. Sans être un pseudo critique de la masturbation artistico-picturale , je trouve que ce genre de pochette met bien en avant l'amertume et le mal être de la musique de Altar Of Plagues. C'est un formidable album qui se présente devant nous. Une pièce unique dans l'immensité de leur création. Ce groupe semble être très à l'aise avec des titres d'une longueur considérable puisque leur productions précédentes avaient des titres allant de six minutes jusqu'à quatorze minutes. Ce "White Tomb" (et constatez comme pour du black metal on parle de blancheur et non de noirceur), ne déroge pas à la règle.

Divisé en seulement quatre parties, quatre morceaux, cet album dure cinquante minutes et les titres sont trèèèès longs, allant jusqu'à quinze minutes. Mais cette longueur n'atteint pas la pertinence de la musique, ils ne souffrent pas d'un handicap de lassitude. On débute avec "As A Womb", et là on s'aperçoit que la carapace est black metal par le biais de guitares saturées typiques et par une voix criarde. Mais après ce cap passé, ce sont des ambiances glauques qui prennent le dessus dans la chanson. Même si les guitares sont assez rapides, la batterie ne va jamais se perdre dans le blast furieux et reste rapide sans tomber dans la brutalité. Les morceaux sont parsemés de passages très mélancoliques, atmosphériques et c'est là qu'on se rapproche du funeral doom. Sur "Watchers Restrained" je me suis trouvé à penser à Winter tellement un passage était d'une lenteur pachydermique. Altar Of Plagues combine parfaitement les éléments d'un black metal atmosphérique avec du doom pesant et ténébreux. C'est un mélange de choses telles que Agalloch et sa mélancolique légendaire, avec un environnement black metal. Mais dans tout cela, la puissance est là, la mélodie omniprésente. Cette imbrication de black / doom m'asseoit dans mon enveloppe charnelle tout le temps de l'écoute, "As A Furnace" débute sur une rythmique presque folk, et là, vraiment proche de celles d'Agalloch, avec une basse posée, ambiante, naturelle. C'est la douceur qui annonce les prémices d'une tempête doomesquement noire. Par moments, ça en serait presque shoegaze, tellement le tempo est ralentit methodiquement.

Seulement quatre titres, mais malgré les dizaines d'écoutes que j'ai faites depuis que j'ai cet album, rien ne semble tarir l'envie de replonger dans l'univers torturé de Altar Of Plagues. Les morceaux ne permettent pas de comprendre facilement et immédiatement l'accroche simpliste. Par leur longueur, ils arrivent à ne pas laisser de place au minimalisme. Je pense que cet album est grand. Ce genre de vision musicale permet de laisser libre cours aux émotions, aux sensations, qu'elles soient malsaines ou au contraire plus "fleur bleue", et les orchestrations, les arrangements de ces cinquante minutes l'ont été de telle manière que l'auditeur soit tout de même abasourdi par la puissance triste d'Altar Of Plagues.


Arch Gros Barbare
Août 2010


Conclusion
Le site officiel : www.altarofplagues.com