Le groupe
Biographie :

AlNamrood est un groupe de black metal saoudien formé en 2008 et actuellement composé de : Mephisto (guitare, basse, percussions / Mephisophilus), Ostron (clavier / percussions) et Artiya'il (chant). AlNamrood compte huit albums à son actif, tous sortis chez Shaytan Productions.

Discographie :

2008 : "Atbaa Al-Namrood" (EP)
2009 : "Astfhl Al Thar"
2010 : "Estorat Taghoot"
2012 : "Kitab Al Awthan"
2013 : "Jaish AlNamrood" (EP)
2014 : "Heen Yadhar Al Ghasq"
2015 : "Diaji Al Joor"
2017 : "Enkar"
2018 : "10 Years Of Resistance" (Compilation)
2020 : "Wala'at"
2022 : "Worship The Degenerate"


Les chroniques


"Worship The Degenerate"
Note : 15/20

Deux ans après "Wala'at", AlNamrood est de retour avec un changement de taille puisque ce n'est plus Humbaba qui tient le micro mais Artiya'il sur ce nouvel album nommé "Worship The Degenerate". Vingt-six petites minutes seulement mais vu l'intensité qu'était capable de déployer son prédécesseur sur une durée à peine plus longue, on ne va pas s'en plaindre.

Pour son qui aurait raté un épisode, AlNamrood est un groupe de black metal d'Arabie Saoudite, ce qui ne court pas les rues vous en conviendrez, qui mélange donc le black metal à des sonorités orientales. Un mélange qui a déjà montré son efficacité sur les huit précédents albums et qui se fait encore entendre sur "Worship The Degenerate", peut-être même encore plus d'ailleurs. "Protector Of The Herd" nous accueille justement avec ces fameuses sonorités orientales avant d'amener des riffs tranchants et un rythme déjà plus nerveux que sur le précédent album. Le morceau-titre est bien teigneux lui aussi avec son feeling presque punk par moments et son rythme globalement plus énervé. AlNamrood s'y fait très direct avec un morceau qui n'atteint même pas les trois minutes et ne perd pas de temps en palabres inutiles. Le groupe fonce dans le tas et balance ses riffs les plus vicieux et frontaux pour bien tailler dans le gras avec toujours ce feeling oriental en fond. "Guerillas" enchaîne en fonçant lui aussi dans le tas sans faire de de prisonnier et confirme que le groupe se fait plus violent, direct et agressif cette fois. La production s'est d'ailleurs encore améliorée elle aussi et le son de "Worship The Degenerate" est suffisamment clair et puissant pour que l'on puisse discerner les moindres nuances du jeu des instruments traditionnels.

Si le chant de Artiya'il est moins dingue et furieux que celui de Humbaba, il convient très bien à ces morceaux plus furieux avec ce timbre bien arraché qui me rappelle un peu Mikka Luttinen. "Sun Of Liberation" démarre avec une bonne grosse volée de blasts qui défonce tout d'entrée de jeu et qui confirme que la note d'intention cette fois était de tout détruire. "Eclipse" lève un peu le pied et pose une ambiance plus sinistre et plus lourde qui fait d'autant plus d'effets après deux morceaux très brutaux et directs. Bref, une fois de plus le black metal d'AlNamrood propose un mélange original, personnel et dont l'authenticité ne fait aucun doute au vu de la rage qu'il est capable de dégager. D'ailleurs, pour faire office de palier de décompression, "Free Will" termine l'album en instrumental et en sonorités orientales exclusivement sans la moindre trace de metal. Une fois de plus, si l'album est court, il est intense et le groupe ne s'embarrasse pas de fioritures, c'est frontal et direct. On saluera une fois de plus le courage d'un groupe qui ose faire du black metal en Arabie Saoudite et à se montrer en plus ouvertement anti-islam ! Dans une scène où les groupes se la jouent gros durs, en voilà de vrais qui prennent de gros risques et qui vident leur sac en proposant une musique dont l'honnêteté saute aux oreilles, rien que pour ça AlNamrood mérite votre attention. Surtout que ça ne rigole pas sur ce nouvel album et que le mélange entre black metal et sonorités orientales est très bien dosé et sonne évidemment de façon naturelle.

"Worship The Degenerate" est donc un album encore plus teigneux et frontal pour AlNamrood qui a pourtant l'habitude de proposer un black metal rageur et intense. Plus court mais aussi plus violent et toujours aussi original, ce nouvel album confirme que ce groupe a de la ressource. Si son black metal ne recourt pas à des blasts toutes les deux secondes, il arrivera à vous mettre un bon coup de massue par son intensité et ses riffs vicieux. Pour peu que vous ayez envie d'entendre autre chose que la sempiternelle seconde vague norvégienne, "Worship The Degenerate" est tout désigné !


Murderworks
Juin 2022




"Wala'at"
Note : 15/20

Un groupe de black metal venu d'Arabie Saoudite, ça ne se voit pas tous les jours mais c'est pourtant ce que "Wala'at", septième album du groupe, nous permet d'entendre ! Si la plupart des groupes de black jouent la carte de la controverse et de la subversion, cette fois ce n'est pas un gimmick. Rien que pour ça vous devirez y jeter une oreille, surtout que la musique d'AlNamrood a quelques particularités qui lui permettent de se démarquer aisément du reste de la scène.

On l'a déjà entendu plusieurs fois dans du death metal ou d'autres styles de metal plus soft mais cette fois on se retrouve bel et bien avec du black metal mélangé à des sonorités orientales. Alors certes en fouillant un peu dans le black on pourra trouver d'autres groupes ayant déjà testé le mélange mais pas de cette façon-là et pas de façon aussi flagrante. Ces sonorités ne sont pas là pour faire beau ou pour simplement se donner une patte, elles font partie de l'identité d'AlNamrood et font partie intégrante des morceaux, loin du gimmick justement. Après une petite intro bien glauque aux accents orientaux, c'est "Sahra Yaesa" qui ouvre vraiment l'album et on se rend compte de suite que le black metal qui a inspiré AlNamrood n'est pas celui de la seconde vague norvégienne mais bien celui des origines, celui qui flirtait avec le thrash et le punk. Les sonorités orientales sont intégrées dans les riffs et non pas via des instruments traditionnels (même si ceux-ci sont présents) et le chant de Humbaba est aussi possédé et arraché que théâtral. Puisque le groupe a une orientation old school, ne vous attendez pas à entendre des blasts partout, AlNamrood privilégie le mid-tempo ou des rythmes plus soutenus certes mais sa sauvagerie ne passe pas par la vitesse. C'est surtout le chant totalement fou et les riffs bien sales et directs qui font que "Wala'at" est intense. Malgré une durée de trente-six minutes, l'album trouve le moyen de faire mal et la rage des membres d'AlNamrood s'entend clairement sans jamais avoir besoin de foncer dans le tas à des vitesses improbables.

Si l'album n'est pas plus long, vous aurez compris que c'est parce que les morceaux eux-mêmes ne dépassent pas les trois ou quatre minutes et visent l'efficacité maximale. Et si vous pensez que les sonorités orientales ne peuvent pas s'allier à du black metal, vous allez en être pour vos frais, les ambiances sont froides, sales parfois glauques, bref AlNamrood n'est pas là pour plaisanter et va vite vous le faire comprendre. Le mélange entre les deux mondes est d'ailleurs totalement maîtrisé et passé la surprise et l'exotisme de la chose dirons-nous, on se rend compte que les morceaux sont vraiment bien ficelés et qu'un certain groove trouve le moyen de s'infiltrer provoquant un headbanging incontrôlable sur certains passages. "Al Shareef Al Muhan" est d'ailleurs un parfait exemple de cette efficacité avec ses riffs bien vicieux, ses petites accélérations et sa double grosse caisse qui déplace des vertèbres ! Je me répète mais le chant est impressionnant de folie, en particulier sur la fin de "Fasique" par exemple ou Humbaba pète complètement les plombs et hurle comme un damné à s'en arracher les cordes vocales ! Encore une fois, la rage que l'on sent ici n'a rien de simulée et AlNamrood sert clairement d'exutoire à ses membres. Même la production est surprenante car même si le son est sale pour coller à l'esprit black metal on distingue clairement tout le monde et "Wala'at" bénéficie de la puissance nécessaire à ses attaques. Un son fait avec les moyens du bord mais de très bonne facture vu les conditions dans lesquelles l'album a dû être réalisé.

Rien que par curiosité et pour saluer le courage de ces gars, je vous invité à jeter une oreille à "Wala'at" mais même au-delà de cela, l'album est suffisamment efficace et bien foutu pour glisser quelques mandales. En plus de l'originalité d'un black metal oriental, AlNamrood nous envoie une rage et une intensité impressionnantes sans jamais avoir recours aux blasts à outrance. Une maîtrise de son sujet et une sincérité qui devraient donner quelques leçons à certains groupes de la scène.


Murderworks
Octobre 2020




"Enkar"
Note : 16/20

AlNamrood est un groupe de black metal... saoudien. Oui, vous avez bien entendu. Et quand on a dit ça, en soit on a déjà tout dit. Il est extrêmement spécial de pouvoir écouter un groupe de black metal saoudien. Nous connaissons tous la dureté du régime en place, et les... comment dire, sentiments très positifs du même régime à l’égard du metal. Car oui, dans ce pays, on peut encore être exécuté si on renonce à la religion d’Etat. Ainsi, les membres d’AlNamrood risquent bien plus qu’une simple petite tape sur l’épaule si leur identité est découverte. Et si cela ne vous donne pas un frisson d’effroi, je ne sais pas ce qu’il vous faut. Les risques que prennent ces musiciens pour s’exprimer à travers de leur art, pour revendiquer une liberté de penser et de créer... Oui, à côté de ça, vos jérémiades pour ne pas être appelés Satan dans la rue, c’est une histoire de nounours. L’élan de liberté qui anime AlNamrood est tout simplemement admirable, et rien que pour cela, même si vous n’aimez pas leur musique, vous devriez les soutenir. Voilà, ma période quasi moralisatrice est terminée, on va pouvoir passer à la musique.

Je crois que c’est l’un des premiers albums de black en langue arabe qui croise mon chemin, et c’est un événement en soi. L’album débute donc avec "Nabth", et je reste un peu stupéfaite de voir l’effet rendu par l’arabe dans du black. On est tellement habitués à entendre de l’arabe chanté dans d’autres... situations (si vous suivez ce que je veux dire...) que c’est une impression très bizarre. Mais il y a un côté très scandé dans ce premier titre, avec un peu de relent punk... un peu comme chez Darkthrone quand Fenriz perd toute contenance et mélange tous les styles pour vous dire que "fuck off ça me plaît, et c’est comme ça". Ce qui est aussi tout à fait remarquable sur cet album, c’est l’énergie débordante dont fait preuve le groupe. Ainsi, "Halak" est comme un train lancé à pleine vitesse dans la nuit (et non sponsorisé par la SNCF, donc pas de risques qu’il s’arrête sans raison apparente pendant 6h au milieu de la voie). Bien évidemment, le côté oriental et très facilement identifiable du monde arabe s’exprime de façon très claire dans la musique de AlNamrood. Ecoutez "Xenophobia" et osez me dire le contraire. Le groupe ne perd pas une seconde, et assène avec force chaque morceau sans jamais faiblir ou connaître une baisse de régime. Il y a un venin et une hargne qu’on peut facilement ressentir à chacune des paroles prononcées par le vocaliste. Et cette hargne est le fil directeur de tout l’album. Le seul reproche que je pourrais faire à cet album réside en son côté somme toute assez linéaire. On retrouve globalement la même structure sur toutes les chansons qui semblent bâties sur un même modèle. Les vocaux, bien identifiables, apportent pourtant une patte bien distincte au son d’AlNamrood.

Au final... ? Cet album n’est pas pour tout le monde, mais DEVRAIT être pour tout le monde. Ce n’est pas du black metal pur et dur à proprement parler, les influences d’autres styles comme le punk sont bien trop marquées pour qu’on puisse dire le contraire. Mais le fait est qu’on ressent la rage derrière chaque mot prononcé, même si je ne comprends absolument RIEN à ce qui est dit. Il y a un message derrière AlNamrood, une attitude. Une rebellion. Et j’ai juste envie de soutenir ce principe.


Velgbortlivet
Juillet 2017


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/alnamroodofficial