Le groupe
Biographie :

Alice Cooper, de son vrai nom Vincent Damon Furnier, est un chanteur et auteur-compositeur-interprète de hard rock américain, membre du groupe de rock Alice Cooper Group, dont la carrière s'étend sur plus de cinq décennies. Par son attitude et son apparence, il est reconnu comme étant le principal père du shock rock. À l'origine, Alice Cooper Group comprenait Vincent Furnier aux chants et parfois à l'harmonica, Glen Buxton et Michael Bruce à la guitare, Dennis Dunaway à la basse et Neal Smith à la batterie. Le groupe est véritablement entré sur le devant de la scène en 1971 avec son premier grand succès international, "I'm Eighteen", titre issu du troisième album du groupe, "Love It to Death", succès confirmé l'année suivante avec le single "School's Out". Le succès commercial du groupe atteint son apogée en 1973 avec l'album "Billion Dollar Babies". Après la dissolution du groupe, en 1974, Vincent Furnier entame une carrière solo, en conservant le pseudonyme d'Alice Cooper, et sort l'année suivante l'album conceptuel "Welcome To My Nightmare" qui connaît un succès retentissant. "Welcome 2 My Nightmare" en constitue d'ailleurs la suite, sorti en 2011 plus de 35 ans après l'original. Particulièrement prolifique et éclectique, cette véritable icône du rock traverse différentes phases et différents styles musicaux durant sa carrière (hard rock, art rock, new wave, heavy metal, rock industriel), avec une tendance récurrente à soumettre les modes à son propre style.

Discographie :

1969 : "Pretties For You"
1970 : "Easy Action"
1971 : "Love It To Death"
1971 : "Killer"
1972 : "School’s Out"
1973 : "Billion Dollar Babies"
1973 : "Muscle Of Love"
1975 : "Welcome To My Nightmare"
1976 : "Alice Cooper Goes To Hell"
1977 : "Lace And Whiskey"
1978 : "From The Inside"
1980 : "Flush The Fashion"
1981 : "Special Forces"
1981 : "Zipper Catches Skin"
1983 : "DaDa"
1986 : "Constrictor"
1987 : "Raise You Fist And Yell"
1989 : "Trash"
1991 : "Hey Stoopid"
1994 : "The Last Temptation"
2000 : "Brutal Planet"
2001 : "Dragontown"
2003 : "The Eyes Of Alice Cooper"
2005 : "Dirty Diamonds"
2008 : "Along Came A Spider"
2011 : "Welcome 2 My Nightmare"
2017 : "Paranormal"
2021 : "Detroit Stories"


Les chroniques


"Detroit Stories"
Note : 18/20

Il est une chose parfois surprenante et inexplicable, celle du temps qui semble ne pas avoir d’effets sur certaines personnes. Ces dernières sont comme gravées dans le marbre et paraissent immortelles. C’est le cas de Vincent Furnier, aka Alice Cooper, 73 ans mais toujours aussi imposant. Comme beaucoup de légendes du rock, lui aussi a connu ses épisodes sombres, mais il n’a jamais quitté pour autant l’industrie musicale et son image est toujours aussi solide. Affable, sage et charismatique, le parrain du shock rock est revenu cette année avec un nouvel opus "Detroit Stories", qui annonce d’ores et déjà la couleur. Un album que l’on devine très symbolique ; en effet, l’artiste est né à Detroit, qui fut également le berceau de son succès, il y a maintenant plus de cinquante ans.

Si la reprise "Rock N’ Roll" des Velvet Underground qui lance l’opus prend ses origines à New York, le choix de Cooper reste judicieux car il nous plonge immédiatement dans l’histoire et le son brut de décoffrage du rock au sens le plus strict. On n'apprend rien aux connaisseurs des Velvet, ce morceau entraînant, sympathique et sans prétention est repris impeccablement par l’artiste qui y ajoute sa patte rock sixties et une production aux petits oignons (nous pouvons également acclamer pour cela Bob Ezrin, son collaborateur depuis de longues années). C’est une introduction qui, avouons-le, titille notre curiosité. Une curiosité qui sera un peu amoindrie à l’écoute du second titre, "Go Man Go", figurant déjà sur l’EP de 6 titres "Breadcumbs" sorti en 2019 (passé un peu inaperçu…). Cependant on ne se lasse pas de l’entendre ! Ultra pêchue et dynamique, son pétillant est tout autant renforcé par sa courte durée (2 minutes 40) que par l’honorable présence de Wayne Kramer, guitariste fondateur des MC5. Ce dernier participera d’ailleurs à la quasi intégralité de "Detroit Stories" et il est clair que son jeu contribue largement à la qualité de celui-ci. Un coup de maître de la part du grand Alice, qui aura d’ailleurs l’audace de faire jouer Kramer sur une cover psyché, pop bubblegum, "Our Love Will Change The World" des Outrageous Cherry qui, on le convient, est l’OVNI de ces 15 titres. Nous avons là une reprise interprétée avec une candeur touchante, qui rappelle également par l’aspect rock / pop épurée les premiers albums d’Alice Cooper. Cette prise de risque, ou plutôt ce désir de couvrir et de rendre hommage au panel florissant et si riche de l’univers musical des années 1960-70 est comme on le verra le maître-mot de "Detroit Stories", qui prend tout son sens.

Difficile de faire une sélection tant la majorité des morceaux sont qualitatifs, mais nous pouvons tout de même nous attarder sur une composition telle que "$1000 High Heel Schoes", digne descendante du courant r’n’b / soul / funk notamment véhiculé à l’époque par nul autre que le label Motown. Ce morceau aux paroles pleines d’humour et de légèreté, comme Alice Cooper sait si bien le faire, fait briller les chœurs féminins, les trompettes et la guitare de Kramer. Dans un tout autre registre, "Drunk And In Love" n’a rien à lui envier. Profondément empreinte de ce blues langoureux des bas-fonds des USA, qui était mieux placé que Joe Bonamassa pour assurer la guitare sensuelle et cradingue ? Une facette de l’histoire qu’un vieux de la vieille comme le légendaire frontman n’aurait pu ignorer, et qu’il a une nouvelle fois interprétée avec excellence. On pourrait croire que le high point de l’album s’arrête là, mais détrompez-vous. Nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises, loin de là ! Alice Cooper et son équipe nous emmènent également dans le Detroit moins rutilant et plus glauque avec "Social Debris", également présent sur "Breadcrumbs". C’est un morceau fort par les paroles très personnelles, et qui est renforcé et porté au niveau supérieur par la présence des trois membres d’origine du groupe, Michael Bruce, Dennis Dunaway et Neal Smith. Une réunion qui vaut de l’or aujourd’hui, entre 1964 et 2021, décennies pendant lesquelles un nombre incalculable de vies semble s’être écoulé. Et pourtant les compères sont toujours là, dans une fratrie souvent malmenée mais toujours solide comme on peut le constater dans "I Hate You" qui les rassemble également. Ce morceau à la teinte rock / punk aux paroles tout aussi fun que piquantes dégage une certaine émotion et une nostalgie qui font de lui une perle rare à savourer. Ce chapitre personnel et particulier prend fin avec "Detroit City 2021" qui, à l’instar de "Social Debris", tient sa force du talent de parolier d’Alice Cooper qui relate à nouveau, on le devine, le Detroit qu’il a connu et qui fut le théâtre de son succès. Histoire de faire les choses bien, Wayne Kramer, grand acteur lui aussi de Detroit, est à nouveau de la partie pour ce morceau hard rock 70’s à la Nugent. Une infinité d’influences compose cet album comme on l’a vu, sans pour autant qu’Alice dénigre son propre parcours musical ; en effet "Wonderful World" suffit à lui-même pour honorer ses années mi-rock, mi-pop teintés d’une touche heavy sombre et malsain. Et pour clore ce chef d’œuvre qu’est "Detroit Stories", l’artiste s’attaque à une reprise des MC5, "Sister Anne", ainsi qu’à Bob Seger et son morceau "East Side Story", on ne peut mieux choisi.

Quelle claque ! "Detroit Stories" dépasse aisément les attentes et prouve – si besoin était – qu’Alice Cooper et son équipe ne sont pas prêts de quitter le devant de la scène. L’album est parfaitement orchestré de bout en bout, les morceaux sont variés et merveilleusement bien composés et interprétés. Mais sa force ultime et inébranlable ne tient pas ici, mais dans cet amour de la musique et de la vie que l’on ressent à chaque seconde, tout comme le plaisir qu’ont de jouer ensemble ces artistes dont le talent n’est plus à démontrer.


Candice
Avril 2021




"Paranormal"
Note : 17/20

Alice Cooper est un chanteur et auteur-compositeur-interprète de hard rock américain. Son groupe est aujourd’hui composé de Chuck Garric (basse), Ryan Roxie, Tommy Henriksen et Nita Strauss (guitare), et Glen Sobel (batterie). Son vingtième-septième album, intitulé "Paranormal", est sorti le 28 Juillet 2017 chez earMusic.

On ne le présente plus. A lui seul, Vincent Fournier aka Alice Cooper est devenu presque un concept. Sa personnalité, son image, sa musique ont toujours évolué pour faire en sorte de surfer sur la vague, sans toutefois dénaturer son éthique profonde. Ainsi, en 2017 Alice Cooper est toujours là, personnage qui semble immortel, que l’on continue à voir sur les affiches de concerts et de festivals, ainsi que chez nos disquaires. Car oui, après "Welcome 2 My Nightmare", Cooper est revenu en force cet été avec son vingt-septième album, "Paranormal". On n’aurait pu trouver meilleur nom ni meilleur artwork à cet album, qui le représente en siamois, genre de freak doté d’un jumeau maléfique. Quoi de mieux pour le symboliser ? Je parle certes beaucoup de lui, mais il est indubitable qu’il doit beaucoup de son succès aux innombrables musiciens qui l’ont accompagné depuis ses débuts, et son line-up actuel paraît faire tourner la machine à merveille. Alice s’offre même le luxe de faire venir des guests sur "Paranormal", et ce dès le premier morceau du même nom. En effet, nous avons le plaisir d’entendre la basse ronflante de Roger Glover sur ce titre qui hélas, ne casse pas des briques. A mi-chemin entre le pop / rock et le hard à paillettes, il est relativement plat et se laisse facilement oublier. Nous retrouvons également Billy Gibbons sur "Fallen In Love" qui, lui en revanche, est au-delà du sympathique, en nous proposant un vieux rock des années 60-70, rien qui s’éloigne des sentiers battus de Alice Cooper, et encore moins du leader des ZZ Top, mais il n’en est pas moins très bien fait et entraînant. On peut constater à l’écoute de ces deux morceaux que le groupe change radicalement de genre et d’ambiance. Ce sera une constante tout au long de l’album, et c’est ce qui va indéniablement faire sa force.

Plus globalement, "Paranormal" est un melting-pot de toutes les influences et styles d'Alice Cooper de ses débuts à aujourd’hui, pour n’en faire ressortir que le meilleur. Ainsi, "Paranoiac Personality" et "The Sound Of A" font parfaitement la paire dans le genre rock épuré limite pop un peu perchée, tandis que des morceaux tels que "Dynamite Road" ou encore "Fallen In Love" vont faire dans le vieux rock’n’roll brut de décoffrage, où comme beaucoup d’artistes de son époque, Alice Cooper se forgea son propre son. On pourrait penser que tous les titres évoqués ici sont par conséquent de simples copies de leurs glorieux ancêtres du passé, mais détrompez-vous. Ils sont empreints d’une certaine modernité dans la production et l’exécution, et possèdent la maturité durement acquise avec les années d'Alice et ses musiciens. S’il y a quelques passages creux avec "Fireball" ou encore "Private Public Breakdown" que je trouve bien trop simplistes pour représenter un quelconque intérêt, ils sont vite rattrapés par le reste, qui fait atteindre à "Paranormal" un niveau plus que respectable. Dans cela on retrouve "Holy Water", "Rats", deux morceaux assassins à l’inspiration clairement cabaret 50’s à fanfare groovy et fanfreluches ingénieusement construits, mais également "Genuine American Girl" avec ses rythmiques et chœurs très surf rock, aux faux airs des Beach Boys. Le genre de titre à la simplicité presque comique, mais tellement efficace. Dernier détail mais pas des moindres, c’est également un des deux titres, avec le très bateau "You And All Of Your Friends", à avoir été composés par les membres originaux d’Alice Cooper, ce qui est il faut le dire, bien plus qu’une valeur ajoutée à ses morceaux. Ils concluent cet album sur une note positive empreinte de nostalgie, où l’on aime se plonger.

Alice Cooper peut être fier de délivrer en ces temps difficiles un album comme "Paranormal". C’est un opus qui assume parfaitement d’être une boule à facettes où brillent chacune des périodes de gloire de son créateur, sans avoir rien inventé ni même expérimenté. C’est la force de "Paranormal", où les musiciens jonglent avec aisance dans les multiples styles qui ont contribué à faire du rock ce qu’il est aujourd’hui, magique et intemporel.


Candice
Décembre 2017




"Welcome 2 My Nightmare"
Note : 17/20

Chronique tardive du nouvel opus du grand Alice Cooper, "Welcome 2 My Nightmare". Alice Cooper, le maître incontesté du shock rock. Alice Cooper, dont les hymnes légendaires ne cessent d’être entonnés par toujours plus de générations. Alice Cooper, toujours aussi resplendissant après des années et des années de carrière. Après sa tournée "No More Mr. Nice Guy", l’homme est de retour avec sous le bras du nouveau à mettre sous les dents des fans avides de découvertes. Le titre vous rappelle étrangement quelque chose ? Normal, puisqu’il s’agit du successeur direct du fameux "Welcome 2 My Nightmare", sorti en 1975. Les suites d’albums à succès, nous savons tous ce que c’est : au même titre que les reformations, elles inspirent souvent bien plus de méfiance que d’enthousiasme. A tort ? A raison ? Encore une fois, seul le résultat est capable d’apporter la réponse à cette question.

En ce qui concerne le Sieur Cooper, personne ne s’y tromperait : la flamme brûle, c’est une certitude ! Nous avons sous les yeux – ou plutôt dans les oreilles – le travail d’un homme qui, à maintenant bientôt 64 ans, est toujours guidé par l’énergie du rock 'n’ roll, de l’horreur et de l’humour délicieusement macabre. Secondé par des personnalités telles que le producteur (et collaborateur de longue date puisque c’était lui-même qui avait déjà enregistré "Welcome 2 My Nightmare") Bob Ezrin, Neal Smith (batterie), Denis Dunaway (basse) et Michael Bruce (guitare), tous trois déjà connus comme ex-membres du groupe Alice Cooper, mais aussi la chanteuse pop internationale Ke$ha. Là, j’en vois déjà qui font la grimace ! Surtout lorsque le résultat d’une collaboration a priori ô combien surprenante dépasse haut la main les attentes que l’on aurait pu avoir ! Imaginez la dualité entre la voix grasse et rocailleuse du maître de cérémonie et celle "naturellement" auto-tunée de la demoiselle, et ce pour un échange des plus intéressants et accrocheur ! Echange du nom de "What Baby Wants", à ne manquer sous aucun prétexte ! En dehors de cette piste on ne peut plus étonnante, certaines autres semblent carrément fadasses, comme le pataud et peu inspiré "When Hell Comes Home". Fort heureusement, il ne s’agit ici que de "l’erreur de parcours", la piste dont tout le monde se serait passé, mais qui existe. Que fait-on dans ce cas ? On fait avec ; on la zappe carrément si vraiment ça gâche l’écoute du disque, mais surtout on profite du reste, car il y a largement de quoi se réjouir ! Bon, malgré une ballade, "Something To Remember Me By", un peu faiblarde par rapport à ce que l’on aurait pu imaginer (impossible de ne pas repenser aux perles qu’Alice nous a déjà sorties !), et malgré une introduction très curieuse, où on en vient à regretter que le timbre de voix d’Alice n’ait pas gardé son aspect naturel.

A côté de ces légers désagréments, il y a les nombreuses et excellentes nouvelles pistes, comme "Last Man On Earth" et ses cordes et cuivres au travail magnifiquement exécuté, ou encore comme l’extraordinaire "Disco Bloodbath Boogie Fever", mix de diverses influences pour un morceau carrément délirant ! "Welcome 2 My Nightmare" ne fera pas partie du panthéon des meilleurs albums de Monsieur Alice Cooper, c’est un fait. Mais lorsque le plaisir est indiscutable, lorsque c’est si facile de retrouver les éléments que l’on a tant aimé –et que l’on aime toujours autant, d’ailleurs, comment serait-il encore possible de venir se plaindre ?


Gloomy
Janvier 2012


Conclusion
Le site officiel : www.alicecooper.com