Le groupe
Biographie :

Aksu est un duo installé à Bruxelles (Belgique), basé sur l'improvisation qui flirte avec la noise, le doom / black metal, le free-jazz, l'ambiant. Le premier album, "The Way To Destroy And Create Things / Screenplay And Outline For An Unexpected Space", voit le jour en Novembre 2013 sur le label Paradigms Recordings.

Discographie :

2013 : "The Way To Destroy And Create Things / Screenplay And Outline For An Unexpected Space"


La chronique


"L'unique objectif de l'art contemporain est la destruction" disait le réalisateur sulfureux John Waters. Une des raisons pour laquelle le profane le rejetterait en bloc ? On peut considerer l'hypothèse probable puisque l'art s'adresse à nos sens et par conséquent, active un mécanisme inconscient qui suggère des émotions. De ça, notre instinct de survie s'en défendrait en raison du "plan destructeur". Faut donc être un poil maso pour trouver un l'interêt à ce capharnaum complexe, absurde, sarcastique et hermétique où complaisance morbide et curiosité intellectuelle s'affrontent autour de concepts de renaissances à force d'expériences qui cassent les codes, les conventions pour inventer autre chose.

La musique d'Aksu se conçoit dans cet environnement. Formé par Pierre (batterie et percussions) et Guillaume (guitare, trompette et autres effets), basé sur l'improvisation, le duo français s'abandonne à toute forme de divagations autour du drone, de la noise, du black, de l'ambiant et du free-jazz. C'est en 2011 que leur premier concert fut enregistré au Musée d'Architecture de La Cambre à Bruxelles, s'ensuivent deux autres avant ce "The Way To Create...". Enregistré en une nuit dans le même Musée, ce premier album s'impose comme une oeuvre à classer du côté de John Zorn, de Earth, Sunn O))) ou encore Einstürzende Neubauten. L'introduction du premier titre "Multiples" annonce d'ailleurs une couleur tribale urbaine très free jazz, sans compter l'arrivée de riffs dissonants et tout aussi offensifs. Les références à Zorn et Naked City apparaissent clairement sur "A Call To Action" avec cette trompette hystérique qui tente de se frayer un chemin dans un joyeux bordel qui va decrescendo, ou encore sur le bruitiste "Wobbly Shield". Aksu nous invite tout autant à des voyages introspectifs à l'instar de l'ambiant "Mantra 1.3" et "One Hundred Thousand Tongues" idéal pour une bande originale de film. Celui-ci me fait l'effet d'un croisement entre Ry Cooder et Neil Young (compositeurs respectifs de Paris Texas et Dead Man). Improvisé, ce titre peut nous faire regretter l'absence de thème à proprement dit, qui se cherche, se modèle, se tord au fur et à mesure des 12mn, pour mieux nous perdre dans un desert flottant.

Avec Aksu, les larsens s'enchevêtrent, les riffs se distortionnent pour mieux s'harmoniser, de même l'apport d'un clavecin (bien exploité) trituré sur certains titres comme "Handaktion-Eckenaktion" lui donne une profondeur très singulière, jusqu'à l'angoisse. Un titre qui fait d'ailleurs écho à Joseph Beuys, considéré comme un artiste allemand majeur de l'art contemporain, dont la démarche se rapproche de “l'Oeuvre Totale”, de l'installation au happening.

A en croire le duo avec ses références, sa démarche, je suppose que le projet Aksu peut prendre des proportions qui dépassent le cadre "musical"... En attendant, ce premier album "The Way To Destroy And Create Things..." enregistré dans un musée, fait sonner le duo français comme le Fantôme de l'Opera.


Boris
Février 2014


Conclusion
Note : 16/20

L'interview : Guillaume

Le site officiel : www.aksu.bandcamp.com