Il y avait longtemps que je n’avais pas écouté un album de black metal aussi axé sur le raw black, mais avec un son quand même écoutable. Ad Hominem, projet solo du Français (mais qui s’est délocalisé en Italie) Kaiser Wodhanaz, qui compose et enregistre tout, vient de sortir son sixième album. En live, il est cependant accompagné de deux guitaristes, D.Nacht et A.K. ainsi que d’un batteur, G.K., lui-même prenant le rôle de bassiste / chanteur. Le groupe est assez controversé, puisqu’il véhicule une idéologie extrémiste, et prône l’éradication de la race humaine. Mais nous ne sommes pas là pour parler politique, religion ou bien même humain, nous sommes avant tout ici pour écouter la musique, et ceux qui me connaissent personnellement savent que je considère la voix comme un instrument supplémentaire, que le texte soit à propos de licornes ou d’armes de guerre, et c’est ainsi que je jugerai cet album.

On démarre tout en puissance avec "AMSB", un titre au son sale et criard, mais qui reste sur le principe des premiers albums de black metal. En arrière-plan, la basse tente d’harmoniser le tout, mais les hurlements des guitares ainsi que le chant ne lui laissent malheureusement pas beaucoup de place. Le tempo ralentit avec "I Am Love", une composition qui n’hésite pas au contraire du titre précédent à laisser la basse seule avec la batterie et le chant avant de repartir sur un riff lead perçant. Un autre titre dans la plus pure tradition du black metal brutal et violent, "Consecrate The Abomination", enchaîne des riffs qui tirent beaucoup sur des harmoniques qui s’alignent avec le chant pour laisser sa place de fond à la rythmique, tel un bourdonnement sourd.

Le titre éponyme, "Napalm For All", me fait penser à du grindcore, et pas seulement pour sa durée. Si le groupe a évidemment pensé chaque riff, ils s’emboîtent tous à pleine vitesse pour ne laisser place qu’au chaos, alors que "Goatfucker" est beaucoup plus mélodique. Ad Hominem prend son temps pour poser chaque note, même si le blast a tendance à presser les musiciens, mais les choeurs sont également là pour provoquer un headbang frénétique. "V. Is The Law" reprend ces codes mélodiques et un tempo plus lent afin de nous faire nous briser la nuque sur la rythmique. Si la vitesse vous manque, alors vous devriez passer "Imperial Massacre", mais vous rateriez quelque chose d’assez grandiose. En en effet, cette composition très entraînante laisse la part belle au chant sur des riffs simples mais très bien construits et au son fidèle aux premiers titres du groupe.

Retour de la frénésie adulée des fans du groupe avec "Bomb The Earth", sous un torrent de blast. La pourriture qui anime les riffs légèrement crust de cette chanson, qui se termine par un sample, est encore une fois digne des débuts de la formation. Encore une fois le tempo ralentira pour laisser à Kaiser le temps de déverser toute sa haine sur "You Are My Slut". Les soupirs de l’homme sont malsains à souhait, et il est inutile de dire que le reste de la voix reste dans cette atmosphère dérangeante. Le dernier titre arrive déjà, mais "Vatican Gay" est là pour prouver que le groupe a encore de la ressource. Bien que son titre puisse faire sourire, vous rirez beaucoup moins une fois que le sample sera terminé. Très axé hardcore blackisé, cette chanson martiale est à mon avis parfaite pour achever un public déjà conquis par le live.

S’il ne révolutionne rien dans le style et que certains sons peuvent être considérés comme arrivant avec une vingtaine d’années de retard, Ad Hominem garde jusqu’au bout le parti pris que son créateur a instauré il y a vingt ans : un son sale, malsain et dérangeant, mais violent, brut et sans pitié. Oubliez les rumeurs, fondées ou non, sur le groupe et profitez tout simplement d’un black metal brutal.

Même si je suis le groupe depuis des années maintenant, c'est bien la première fois que je suis amené à chroniquer Ad Hominem... Ce groupe, c'est une véritable institution, l'un des fleurons du black metal français, et chaque album se trouve précédé par la grande notoriété du groupe, telle une véritable aura, ainsi que part une odeur de souffre, Ad Hominem ayant fait de la provocation sa spécialité !!! Premier album sorti sous le pavillon d'Osmose Productions, on est en droit de se demander ce que nous réserve "Antitheist", nouvel opus du groupe au design noir et blanc très classieux, mais très éloigné de ce à quoi on était habitué... Faut-il s'attendre à quelques changements ou bien Ad Hominem va-t-il continuer sur sa sanglante lancée ??? Réponse dans ces quelques lignes bien sûr...

On attaque donc par une intro d'1 minute 30, plutôt oppressante et nous mettant bien dans l'ambiance, avant d’enchaîner avec le morceau au titre provocateur "Go Ebola!"... Morceau en tout point surprenant, tout d'abord au niveau du son, d'un professionnalisme inattendu, mais aussi par son groove et son côté accrocheur, très loin de ce à quoi Ad Hominem nous avait habitué jusque là !!! Il n'en reste pas moins agressif, surtout au niveau du chant, pouvant en bien des points rappeler celui de Mortuus (Marduk), mais le feeling de ce morceau reste très rock'n'roll, dénotant quelque peu avec le black indus, brutal et underground des débuts... Place maintenant au morceau éponyme, lui aussi diablement efficace !!! Des riffs acérés qui vont droit au but, une rythmique qui annihile tout sur son passage, mais le tout reste incroyablement carré, encore une fois professionnel et parfaitement exécuté... Certes, tout semble plus facile d'accès, mais à la vue de mon érection, je ne vais pas bouder mon plaisir !!!

Le morceau suivant s'intitule "Death & Cunt" et bénéficie lui aussi d'un groove imparable, pouvant rappeler par certains aspects les Danois de Horned Almighty !!! Chaque riff est tel une lance plantée en plein cœur, et alors même que vous ne pouvez plus échapper à la puissance d'Ad Hominem, votre tête se met subitement à headbanguer en rythme... Mais rassurer-vous, les riffs purement black metal sont toujours présents ici ou là, disséminés avec parcimonie et intelligence !!! Mais avec l'arrivée de rythmiques presque punk, on peut résolument penser que les Français se sont lancés corps et âme dans le black'n'roll... "Compulsive Extermination", quant à lui, est un pur moment de bravoure, alliant riff principal furieux et ravageur à des blast beats diablement efficaces !!! Ce morceau agit comme un rouleau compresseur et n'est pas là pour faire dans la dentelle : pour l'instant un des meilleurs morceau de ce nouvel album... Tout est résumé en seulement 3 minutes 40 et autant le dire tout de suite, avec une arme comme celle là, impossible de manquer sa cible !!!

Place à un petit interlude, préambule au provocateur "Impaled Muhammad", titre à l'état d'esprit résolument rock'n'roll, à l'image de la double grosse caisse lançant le morceau !!! Quelques moments plus posés feront ressortir la voix de Kaiser, ne laissant plus de doute sur sa filiation avec Mortuus... Amateur s'il en est de ce chant, cette remarque se veut bien sûr on ne peut plus positive !!! Quant à la fin du morceau, elle est tout simplement grandiose tellement elle fonce tête baissée vers ennemi... Grandiose !!! Mon érection ne s'étant pas calmée, "Glory Hole Jesus" est fait pour moi, n'est-ce pas ??? En fait, ce morceau est plutôt orienté mid-tempo, appuyé par une basse ronflante et un son de batterie toujours aussi percutant... Peut-être pas le morceau le plus intéressant de l'album, mais il permet à l'ensemble de souffler un peu et donne ainsi du relief à ce "Antitheist" dépassant les 50 minutes !!! Le passage sombre et quasi atmosphérique du milieu de morceau contribue d'ailleurs fortement à ce sentiment de bouffée d'air, non pas pur, mais vicié comme il se doit...

On continue avec "I Am The Heretic" et son intro de batterie à la fois martiale et industrielle !!! Les quelques samples utilisés renforcent d'ailleurs ce sentiment... Mais on revient très vite dans le vif du sujet avec une nouvelle fois un riff ravageur qui mettra tout le monde d'accord, amateurs de true black ou de black metal de manière générale !!! Ici, le rouleau compresseur n'est plus, place à la Panzer Division : le son de double grosse est définitivement parfaitement adapté, de même que celui de la basse, idéalement métallique et claquante !!! Une bien belle pièce d'artillerie que voilà... Retour au saint sexe avec " Anus Of Yahweh", morceau peut-être plus basique, mais aussi plus black metal dans les riffs qui le constituent !!! Une mélodie lancinante accompagnée d'une rythmique simple mais efficace, bref, tout ce qu'il faut pour plonger dans la noirceur de l'âme de Kaiser... Pour autant, le groove n'est jamais très loin, et le titre bénéficie d'un refrain entêtant à souhait qui vous hantera pendant des jours et des nuits !!! Quand au final à la voix gutturale, il est tout simplement splendide...

"Before You Turn Blue" est un titre résolument décalé de 7 minutes 25, sombre et torturé comme son créateur... Un titre mid-tempo, répétitif, lancinant, mais en tout point envoûtant !!! Il vous précipitera dans l’abîme qu'est votre misérable existence... Il vous entraînera dans les méandres tortueux de votre esprit à l'agonie... Il vous possédera jusqu'à la fin avec une facilité déconcertante, faisant ainsi montre d'une grande maturité !!! Bref, encore une réussite... Ad Hominem va enfin nous proposer un final en apothéose avec "The Anger Syndrome", une fois de plus guerrier et haineux !!! Chaque riff est un couteau qui transperce ou lacère votre chair en lambeaux... Et l'arrivée d'une si simple petite mélodie vous glacera le sang jusqu'à aux os !!! Du grand Art avec un grand A, dont vous ne vous remettrez pas d'aussi tôt... Le genre de morceau qui agit comme le dernier coup de marteau clouant le Christ sur sa croix au sommet du Golgotha !!! Tout simplement jouissif... Et me voilà au moins débarrassé de cette embarrassante érection !!!

Les portes de ce "Antitheist" se refermeront sur une outro dérangeante et oppressante, mais en tout point cohérente avec le reste de l'album... Malgré le silence suivant une telle écoute, c'est un peu comme le calme après la tempête, on n'en ressort pas indemne et on a du mal à réaliser ce qui vient de se passer !!! Et même s'il semble qu'Ad Hominem ait décidé de quitter son carcan black underground pour s'ouvrir à d'autres horizons, et surtout à un autre public, j'ai maintenant la très nette impression qu'une légion de démons m'est passé sur le corps... Le nouveau Ad Hominem est plus simple, tout du moins en apparence, plus accessible, mais en même temps diablement efficace, intelligent et professionnel !!! De quoi s'ouvrir se nombreuses portes restées closes jusqu'alors... Bref, un album magistral, composé et interprété avec sincérité, qui, j'en suis sûr, devrait procurer quelques orgasmes en live !!!