Le groupe
Biographie :

Αχέροντας est un groupe de black metal grec formé en 2007 et actuellement composé de : V.P.Sorcerer (chant, guitare / ex-Nihasa, ex-Seventh Xul, ex-Stutthof, ex-Worship, Shibalba, ex-Acrimonious, ex-Nocternity, ex-Virus Of Koch), Dothur (batterie / Lychgate, Macabre Omen, Omega Centauri, Sanctus Nex, ex-Orpheus), Saevus H. (guitare / Devathorn, Warbled Arma, Shibalba, ex-Dødsferd, ex-Nargothrond), Hierophant (basse), Indra (guitare / Crucifiction, Naer Mataron, Wampyrinacht, ex-Goathrone, ex-Tatir, ex-Goatvomit, ex-Vorphalack, ex-Final Chaos) et Marcello S. (batterie / Beuthen, Haxandraok, ex-Besatt, ex-Inferno, ex-Killjoy, ex-Panegyrist, ex-Spirits Way, ex-Landscape Of Souls, ex-Thanathron). Αχέροντας sort son premier album, "Tat Tvam Asi (Universal Omniscience)", en 2007 chez Zyklon-B Productions, suivi de "Theosis" en Mars 2010 chez Dark Side Records, de "Vamachara" en Octobre 2011 chez Agonia Records, de "Amenti" en Mai 2013 chez World Terror Committee, de "Ma-IoN (Formulas Of Reptilian Unification)" en Février 2015, de "Amarta (Formulas Of Reptilian Unification Part II)" en Mai 2017, de "Faustian Ethos" en Mai 2018 chez Agonia Records, de "Psychic Death - The Shattering Of Perceptions" en Juin 2020, et de "Malocchio - The Seven Tongues Of Δαημων Αχέροντας" en Mars 2022 chez Zazen Sounds.

Discographie :

2007 : "Tat Tvam Asi (Universal Omniscience)"
2010 : "Theosis"
2011 : "Hermeticism" (EP)
2011 : "Vamachara"
2013 : "Amenti"
2015 : "Ma-IoN (Formulas Of Reptilian Unification)"
2017 : "Amarta (Formulas Of Reptilian Unification Part II)"
2018 : "Faustian Ethos"
2020 : "Psychic Death-The Shattering Of Perceptions"
2022 : "Malocchio - The Seven Tongues Of Δαημων Αχέροντας"


Les chroniques


"Malocchio - The Seven Tongues Of Δαημων Αχέροντας"
Note : 17/20

Vous devez avoir lu un peu partout que Acherontas avait changé de nom, ce qui n'est pas tout à fait vrai. C'est effectivement devenu Αχέροντας mais c'est simplement le même nom écrit avec l'alphabet grec en lieu et place de l'alphabet latin. Ne vous attendez donc pas à un changement drastique d'orientation, le groupe fait toujours du black metal occulte et le fait toujours aussi bien. Sortons donc nos tubas et préparons nous à plonger dans les abysses de "Malocchio - The Seven Tongues Of Δαημων Αχέροντας" puisque tel est son nom.

On retrouve bien vite le Acherontas que l'on connaît bien avec "Lucifer - Breath Of Fire" qui ne perd pas de temps et nous rebalance ce black metal véloce qui sent l'occulte à plein nez. Contrairement à pas mal de groupes de la scène, on sent depuis les débuts du groupe que ces thèmes centrés sur l'occulte et l'ésotérisme ne sont pas un décorum, l'implication des membres ne fait aucun doute et cela s'entend très vite. Même si concrètement le black metal d'Acherontas est relativement classique dans sa forme, même si toujours inspiré et très bien exécuté, il y a ce petit quelque chose qui fait sentir qu'on ne rigole pas par ici. Une flamme noire qui pose sa marque sur la moindre mélodie, le moindre riff et qui habite la voix de V.P.Sorcerer qui s'arrache la gorge quand il n'est pas en train de déclamer ses textes. Comme d'habitude, les morceaux sont assez longs et le groupe aime prendre le temps de développer ses ambiances. Des ambiances qui prennent d'ailleurs directement à la gorge dès ce morceau d'ouverture de sept minutes et dont les mélodies sont empruntes d'une beauté vénéneuse d'autant plus frappante que le reste est bien plus malsain et inquiétant. Le mélange typique d'Acherontas en quelque sorte et ce qui contribue à donner une âme à son black metal. "Leviathan - The Fervent Scales In Reverence" qui le suit ne fait pas plus de cadeau et se montre lui aussi violent d'entrée de jeu à grands coups de blasts et de leads glauques égrénés par des guitares aux allures d'essaims d'abeille avant que le groupe ne nous fasse entendre ces fameux choeurs déclamés qui sentent le rituel à plein nez et dont il aime se servir assez régulièrement. "Belial - The Enn Of Beliya'al" en fait d'ailleurs lui aussi usage avec des sonorités presque orientales et une ambiance totalement rituelle dans sa première partie. Pour faire simple, si vous connaissez déjà bien le groupe, vous allez très vite vous sentir chez vous tant on retrouve sa personnalité intacte, le changement d'alphabet pour le nom du groupe ayant plutôt sa source dans un cheminement personnel des membres d'après moi. Ce qui marque sur ce nouvel album, ce sont les mélodies qui sont parfois teintées d'un sens tragique ou solennel, d'un caractère presque épique mélangé à de la mélancolie, comme celles que la fin de "Leviathan - The Fervent Scales In Reverence" justement nous fait entendre. On sent même carrément une certaine grandeur à certains moments, ce qui n'est pas étonnant quand on sait que V.P.Sorcerer a indiqué que ces sept morceaux sont un hommage aux sept forces qui les ont guidés. Il évoque un respect que ce nouvel album est censé leur montrer et cela se sent effectivement dans les ambiances que crée le groupe pendant ces quarante-deux minutes. L'inspiration du groupe à ce niveau est clairement montée d'un cran et on sent une maîtrise plus prononcée, le tout avec la même authenticité que sur les précédents albums. Vous aurez donc vite compris que "Malocchio - The Seven Tongues Of Δαημων Αχέροντας" est une fois de plus un très bon cru de la part de Αχέροντας puisqu'il faut l'ortographier de cette façon maintenant. Sans énorme surprise par rapport à ces prédécesseurs certes, mais la patte du groupe est tellement marquée et ses ambiances tellement puissantes qu'il serait malvenu de lui reprocher de rester fidèle à sa démarche. On saluera au contraire l'intégrité sans faille et la poursuite d'une vision particulière qui durent depuis 2007 de la part d'un groupe totalement impliqué dans son art.

Concluons en confirmant que "Malocchio - The Seven Tongues Of Δαημων Αχέροντας" mérite toute votre attention que vous soyez déjà familierd ou non avec l'univers d'Αχέροντας. Son black metal occulte, mélodique, violent et totalement habité tranche avec le reste de la scène dont une partie se sert de cet ésotérisme et de cet occultisme comme imagerie et décorum. Ici, c'est sincère, la démarche est réelle et l'authenticité ne fait aucun doute à l'écoute de ces sept nouveaux morceaux.


Murderworks
Mai 2022




"Faustian Ethos"
Note : 16/20

Les Grecs d'Acherontas sortent leur nouvel album cette année et cela promet de grands changements quant à leurs compositions. "Faustian Ethos" propose toujours un univers mystique mais qui perd de son côté rituel et dark ambient qu'on retrouvait dans les précédents albums. En effet, cette nouvelle sortie se veut plus black'n'roll. Cet album est assez compliqué à appréhender car, à la manière des musiciens de Maieutiste, le groupe nous fait part de ses idéologies philosophiques et spirituelles. On se doute bien qu'il ne suffira pas de plusieurs écoutes pour comprendre pleinement l'atmosphère de la musique mais aussi de connaissances étendues dans ces thématiques. Je vous propose donc une analyse à la manière d'un rite initiatique simplifié.

Vous serez accueillis par des chants clairs religieux, un dieu ou grand ancien commencera à s'exprimer avec des riffs lancinants au fond du hall. La première étape de "The Fall Of The First Pillar" peut commencer. Vous êtes enveloppés par des mélodies terrifiantes, on y entend même une voix souffrante. Mais rassurez-vous, cette légère douleur sera brève, les riffs seront plus dynamiques, s'harmonisant avec la batterie et prenant des allures de black'n'roll planant. Dans cette même salle, on vous propose un festin... mais les fruits proposés procurent plus que des plaisirs gustatifs. Des hallucinations blackisantes bien plus prononcées se sont propagées à travers tous vos sens, le grand maître entame des paroles inaudibles qui vous offrent une autre perception de l'environnement. La frénésie des riffs de la guitare et le dynamisme de la batterie blesseront certains acolytes à côté de vous. Dommage pour vous, ce rite sera le plus monotone de votre éveil spirituel. Quelques instants plus tard, vous sortez de votre transe avec des guitares et une basse jouant au coup par coup dans une atmosphère plus mélodique et avec un chant cependant agressif.

Une "Aeonic Alchemy" se forme, un choeur religieux s'impose avec une batterie et une guitare aux sonorités discrètes et mystérieuses. Le growl principal s'essouffle dans les ténèbres, vous assimilerez les paroles du choeur à l'aide d'une guitare et d'une basse plus douces qui vous feront prendre conscience que vous n'êtes qu'une coquille abritant une entité bien plus puissante. Après vous êtes rendus compte de la vérité de votre existence, le black mélancolique et traditionnel à la Satyricon assombrira vos pensées. Le "Faustian Ethos" chuchote à votre oreille dans la langue grecque, ce qui renforce le mystère de cette composition. Le black'n'roll est plus dynamique, avec un chant semblable à celui des groupes de rock des années 70. Ce n'est pas déplaisant à votre oreille, ce sera sûrement le rituel qui vous plaira le plus. Les lumières s'éteignent, le bâtiment est empreint d'un noir total. Le growl est très rauque et annonciateur d'un terrible événement. Vous percevez à travers "The Old Tree And The Wise Man" beaucoup de références à l'histoire antique grecque dans une ambiance solennelle, comme dans une secte. Néammoins, il demeure un certain contraste avec l'ambiance ténébreuse et agressive de certains moments.

"The Alchemists Of The Radiant Sepulchre" vous immergeront de leurs voix rauques dans un black saugrenu, mélancolique, parsemé d'effets de réverbe distordus. Ces discours très répétitifs, avec la guitare et une batterie très lentes, vous font apprendre les principaux préceptes grecs et l'existence de l'immensité du cosmos. Vous avez quand même un peu d'espoir malgré cette profonde tristesse. Sur "Decline Of The West", le grand ancien proclame un nouveau discours post-black avec des riffs qui vous font monter plus près du ciel. Votre âme est quasiment prête à rentrer dans ce nouveau monde spirituel qui vous attend. Il semble que vous êtes l'élu. Vous aurez l'impression d'avoir un sentiment de déjà-vu avec la mélodie du dernier morceau, "Vita Nuova". Tous les éléments majeurs des compositions de l'album y sont présents, aussi bien post-black , que black'n'roll et black plus classique. Une voix torturée vous réveille, votre voyage de l'âme vient de se terminer.

Cette nouvelle galette est ma foi très bonne et, comme avec les autres albums de la discographie des Grecs, nous fait profiter d'un voyage musical hors du temps. Cependant, il demeure une grande monotonie par moments, et l'absence du dark ambient qui faisait la force du groupe se fait sentir. Mais le côté rituel propre à Acherontas reste le même.


Pierre
Juin 2018




"Ma-IoN (Formulas Of Reptilian Unification)"
Note : 17/20

Puisant son inspiration dans les civilisations antiques et leur spiritualité ainsi que dans la magie et les forces occultes, Acherontas a toujours su se créer un univers bien particulier. Les Grecs qui ne manquent donc absolument pas d’imagination nous présentent leur cinquième album, "Ma-IoN (Formulas Of Reptilian Unification)". L’artwork nous fait déjà saliver avec son univers stellaire, froid et poétique. La liste des guests ayant participé à l’opus nous fait un peu le même effet avec entre autres TT d’Abigor et Ar-Ra’d Al Iblis de Nightbringer.

On remarque assez vite et sans grand étonnement que les ambiances sont particulièrement mises en avant et peut-être un peu plus que dans les précédents opus. En effet, sur 11 titres, 6 sont des introductions, intermèdes ou outro. Ces morceaux sont courts comme "Permutation In The Aetheric Void", "Fires Of Prometheus" ou encore "Orgiastic Feast Of Flesh, Beheld Thine Vicissitude" ou bien plus longs comme "Shaman And The Waning Moon". Ils sont tous ultra atmosphériques nous évoquant le Moyent-Orient avec l’ancienne Egypte et l’Inde, et aussi les Amérindiens. C’est alors un voyage sensoriel et planant, parfois même sensuel et passionnel, nous hypnotisant totalement. Et on est tellement dedans que certaines transitions parfois inexistantes avec les morceaux bien plus violents nous paraissent bien trop brutales comme dans l’excellent "Lunar Transcendence & The Secret Kiss Of Nut" qui déboule tout en force après plus de 11 minutes de transe juste avant, ou dans "The Awakening Of Astral Orphic Mysteries - Behind The Eyes Of Irida". Le réveil est donc un peu tranchant.

Le son est vraiment pas mal, autant dans les parties posées que dans les morceaux de black. On entend tous les instruments distinctement et même la basse, ce qui n’est pas forcément tout le temps le cas. Le morceau le plus mélodique, "Therionic Transformation", est également bien barré et "Ma-IoN " qui est lumineux nous donne l’impression d’assister à un rituel, alors que "Nereid Tide Of Neptune’s Rudra" se révèle bien plus glacial et tranchant. Un beau programme en somme ! C’est un opus plein de couleurs, percutant, riche et même assez complexe. Il nécessite donc une écoute posée dans le noir à la bougie pour digérer ces 70 minutes de transe.


Nymphadora
Mars 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/breathoffire61