Le groupe
Biographie :

Abythic est un groupe de death metal allemand formé en 2015 et actuellement composé de : MDB (batterie / ex-Soulside, ex-Pestnebel, ex-Fiend, ex-Impure, ex-Tairach), Diego (basse / Asphixation, Hatred Inherit, Orphalis, ex-Addicted To Carnage), Max Werner (guitare / Erazor, ex-Blood Atonement) et Leimy (chant / Reckless Manslaughter). Après un EP sorti en 2015 ("A Full Negation Of Existence"), Abythic sort son premier album, "Beneath Ancient Portals", en Mai 2018 chez Blood Harvest, suivi de "Conjuring The Obscure" en Septembre 2019 chez Xtreem Music, et de "Dominion Of The Wicked" en Février 2021 chez Iron Bonehead Productions.

Discographie :

2015 : "A Full Negation Of Existence" (EP)
2018 : "Beneath Ancient Portals"
2019 : "Conjuring The Obscure"
2021 : "Dominion Of The Wicked"


Les chroniques


"Dominion Of The Wicked"
Note : 15/20

Si vous aimez le gras, vous allez être servis avec les Allemands d'Abythic qui nous livrent leur troisième album "Dominion Of The Wicked" et qui nous ont toujours habitué à du bon vieux death putride des familles teinté de ces bons vieux passages doom poisseux. En gros, si vous aimez Asphyx, les premiers Morgoth ou les Finlandais d'Abhorrence, qui font tous partie des influences citées par le groupe, vous devriez y retrouver vos marques.

Sauf que cette fois le groupe nous a réservé une petite surprise au niveau du format car même si la durée de trente-cinq minutes est assez courante pour le style, le fait d'ouvrir l'album avec un morceau qui en dure près de la moitié l'est déjà moins ! "At The Threshold Of Obscurity" dure en effet près de quinze minutes et Abythic nous accueille par des riffs très lourds et des choeurs aux airs incantatoires. Le groupe y prend des airs de doom très malsains et se montre terrifiant avec des growls qui semblent venir de très loin en début de morceau. Des arpèges en son clair distillent une mélodie dissonante et malsaine par dessus ce doom / death glauque et poisseux et ce début d'album se montre étouffant et écrasant. Et quand les blasts arrivent, ce sont plutôt des airs black metal que prend Abythic, une petite surprise par rapport aux anciens albums. On pouvait y entendre de discrètes racines black mais jamais dans ces proportions et pas de façon aussi flagrante. Abythic reste un groupe de death à l'ancienne mais montre qu'il n'hésite pas à se faire plaisir et que son spectre sonore n'est pas si fermé que ça. L'ambiance dévelopée colle d'ailleurs parfaitement et ce que l'on parle de death ou de black, les mélodies sont froides, glauques, poisseuses et ce premier morceau est aussi inquiétant que pesant. Voilà quelques petites infidélités au pur death old school qui montrent qu'Abythic sait se renouveler et n'a pas l'intention de se contenter de ressasser les bonnes vieilles formules. "The Call" lui emboîte d'ailleurs directement le pas avec neuf minutes au compteur et sans la moindre seconde de répit, les quatres morceaux de l'album s'enchaînant sans temps mort. Si le tempo reste lent, on retrouve ce bon vieux death putride à souhait et ces riffs dégueulasses aux relents de caveau humide et de cadavres en décomposition.

En tout cas, death ou black, Abythic a globalement bien ralenti le rythme et méchamment alourdi ses riffs sur "Dominion Of The Wicked". C'est sa facette doom qui s'exprime le plus ici et si vous attendiez du up-tempo et des blasts, vous risquez d'être déçus. La vitesse n'a jamais été le crédo du groupe mais son death restait tout de même nerveux et énergique dans la vieille tradition, cette fois il est écrasant et prend des airs de messe noire croisée à une marche funèbre ! Ulrich Kreienbrinck passe des growls bien glaireux à des cris aigus de possédé et contribue à créer cette ambiance malsaine qui confine parfois à la folie. Seulement quatre morceaux pour pas tout à fait trente-cinq minutes et pourtant "Dominion Of The Wicked" fait chuter le thermomètre près de zéro. Les orgues de "Augury Of The Doomed" avec ce tempo très lent et ces ambiances funèbres me rappelleraient presque les malades de Skepticism, toutes proportions gardées évidemment. Ces derniers partent bien plus loin dans le doom cinglé qu'Abythic mais cette ambiance de mort et de descente abyssale avec ces choeurs malsains et inquiétants nous amènent dans des terres tout aussi accueillantes. La production donne un côté assez crade et bourdonnant aux guitares et convient parfaitement à ce climat putride et colle à l'optique old school que met en avant Abythic. La biographie fournie avec l'album précise que le groupe a "doomed out but certainly not sold out" et je ne peux que confirmer tant l'ambiance général est noire. Si ces quatre morceaux sont effectivement plus lents ils n'en sont pas moins extrêmes et le groupe nous agresse d'une façon bien plus sournoise et vicieuse cette fois.

Un nouvel album surprenant pour Abythic qui voit le groupe ralentir le rythme et mettre en avant ses racines doom les plus poisseuses. "Dominion Of The Wicked" n'en devient pas plus accessible pour autant et montre au contraire un groupe plus extrême à tous les niveaux avec des ambiances bien plus noires et malsaines pour des morceaux bien plus longs. Une bonne surprise de la part d'un groupe que l'on n'attendait pas sur ce terrain-là !


Murderworks
Avril 2021




"Beneath Ancient Portals"
Note : 14,5/20

Abythic est un groupe de black / death tout droit venu d'Allemagne qui avait du mal à pointer le bout de son nez sur Internet avec son premier EP "A Full Negation Of Existence" sorti en 2015. Aujourd'hui, ils sortent leur premier album intitulé "Beneath Ancient Portals" qui tend à plus développer l'univers mystique et sombre de leur précédente sortie en y saupoudrant certaines de leurs compositions par de légères notes de doom.

Un souffle d'une tempête appelée "Prelude To Obscurity" arrive, suivi d'un solo de guitare qui nous embrume avec des riffs lourds teintés de black old school. Quelques coups de batterie secs font surface aussi. Cela nous enveloppe dans une ambiance mélangée entre du death moderne et du black un peu plus classique, cette première chanson donne envie de continuer dans ce périple mystérieux et dangereux. Un growl surgit crescendo pour nous emmener vers "Purulent Phantasm". On peut y entendre un blast à la batterie très efficace mêlé à des riffs black plus classiques. On continue ensuite avec une batterie saccadée mais avec des riffs plus dynamiques qui nous dirigent peu à peu vers une atmosphère death plus violente. Vient ensuite la fusion de la basse et de la guitare penchant vers le death. Deux voix terminent la chanson à l'unisson et nous enveloppent d'un voile de mystère pour le prochain morceau. On rentre maintenant dans "Abandoned Tombs On Ungodly Grounds", des tombes qui nous accueillent avec un air death metal. Des voix caverneuses se font entendre, assez oppressantes, et on commence à entrer dans une ambiance blackisante à production moderne avec un environnement death classique, alors que des extraits de musique de film d'horreur se font entendre. Voyageons maintenant dans un monde assez connu et souvent abordé dans ce style musical : l'univers de Lovecraft. "Beneath Ancient Portals" interprète à sa façon les paroles rituelles de l'invocation des portes de Gandir qu'on peut lire dans le Necronomicon. On perçoit une voix rauque venant des profondeurs avec son armée de rythmes à la guitare saturés et saccadés, la batterie les accompagne en trombe. Une chanson que j'aime beaucoup dans cette galette car elle nous fait découvrir des références qu'on ne connaissait pas chez Abythic.

Des riffs beaucoup plus imposants nous emportent vers "Redemption Through Soul Transfusion". Le growl se veut beaucoup plus présent et dynamique. C'est un morceau qui nous plonge entièrement dans le death pour le coup. La batterie et la guitare y sont mieux harmonisées, le black old school se mêle au death plus classique. Un extrait de bande originale surgit alors dans nos oreilles pour nous enfermer dans un donjon, en attendant la suite des événements. Sans doute mon morceau préféré de cette nouvelle sortie. "T.H.O.N." est un titre énigmatique qui, comme précédemment, nous emporte dans une ambiance death toujours aussi dynamique. Les riffs sont plus distordus, avec une batterie sèche. Vers la fin, on discerne mieux l'atmosphère mystérieuse de cette oeuvre qu'on commence à reconnaître. L'air de fin nous laisse croire qu'on se retrouve dans le vaisseau du film Alien. Rentrons maintenant dans un black plus sombre et caverneux avec une voix assez monotone et des riffs secs inspirés de Bathory (des premiers albums) et du doom. Soudainement, arrive une batterie plus légère suivie de riffs très aigus. La mélodie est, je trouve, répétitive et ressemble aux premiers titres. On termine dans une atmosphère plus doom avec "Depths Of Oblivion". Le growl est surnaturel et similaire à un démon des enfers, et amène avec lui des riffs plus discrets et saccadés. Le rythme est plus oppressant, le tout se termine dans un environnement plus black. Un dernier passage instrumental nous laisse imaginer un univers étoilé, froid et sans pitié. De quoi finir l'album en beauté.

Abythic a un réel potentiel et peut trouver une place dans le vaste monde du death metal. C'est un groupe qui a le mérite de nous faire partager un univers original mais qui demande à être encore travaillé.


Pierre
Mai 2018


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/abythic