Etre chroniqueur, c’est voir sa boîte aux lettres comme un Kinder Surprise. Tu l’ouvres, tu palpes une enveloppe un peu épaisse mais pourtant tu n’attendais rien. Il y a qu’un seul groupe qui me fait ça ! Les Coilguns ! - Merci Jona Nido, c’est toujours une agréable surprise ! Le packaging, en plus d’être original est accompagné d’un artwork absolument magnifique. Cerise sur le gâteau, un ruban pour le maintenir fermé. Indiscutablement, c’est réussi. Le mange-disque engloutit l’objet, j’attends.
Le hasard fait parfois bien les choses. A cette heure tardive de la nuit, fatigué, je ne me vois pas résister à un assaut direct de guitares, de batterie et de hurlements et par chance le split s’ouvre sur une vibration imparfaite qui s’intensifie jusqu’à exploser, littéralement. Sur les quatre titres du disque, un seul d’Abraham, seize minutes. Lourd et progressif à la fois, "Chasing Dagons, Chasing Light" ne nous laisse pas le temps de comprendre et nous embarque dans un tourbillon de tourments assourdissants pour finalement se poser sur un coussin de sérénité. Le calme avant la tempête puisque c’est un véritable soulèvement sonore qu’on nous sert juste après. La vague se charge, monte et se dresse avant de s’écraser sur le sable encore humide, laissant sur son passage, gisant dans une mare, l’histoire de la mer.
Quand Coilguns prend la main, la musique arrive en escaliers avec "Drainers". Batterie infatigable, hurlements assassins, riff ultra rapide, ultra efficace et répété à l’infini ! Une musique de dingue je vous dis. Un truc à écouter en descendant des "chiens fous" * en compagnie de tes acolytes (et non alcooliques) préférés. Sur " Leveling", même délire. Ainsi, le choix du split est judicieux car des morceaux aussi intenses sur un long format auraient été, à mon avis, très éprouvants. Comme Abraham, les Suisses nous ont concocté "The Archivist" et ses douze minutes pour achever l’album. Indescriptible, la piste est bien à côté de ce que Coilguns nous a livré jusqu’à présent. D’un côté, une voix plaintive, à la limite du murmure, sur une batterie légère, et quelques cordes un peu crunchy. De l’autre, des guitares saturées, lourdes, une batterie plus sèche, des cris d’une intensité rare. Voici l’alternance qui se joue, avant de se transformer en un groove puissant, imprévisible et aux soli implacables. Une dernière surprise jouissive qui prouve (comme si c’était encore à faire) que les gars derrière tout ça, ils y mettent leur tripes. Clairement, on frôle le génie.
Pour faire bref, voici un split à écouter de toute urgence. Les deux groupes se répondent bien avec tout de même une petite préférence pour les Suisses de Coilguns qui parviennent encore à nous surprendre tout en restant eux-mêmes. C’est authentique et ça s’écoute sans faim. A ranger soigneusement donc.
* Pour le "Chien Fou" : remplis un shooter de vodka, mets une larme de sirop de violette, saupoudre le tout de Tabasco rouge. Bois-le d’un trait et tu comprendras pourquoi "chien fou".
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