Le groupe
Biographie :

Abigail Williams doit sa création en 2005 au guitariste –et futur chanteur- Ken Sorceron (ex-Victims In Ecstacy). Un premier EP, "Legends", sort en 2006, mixant metalcore et black metal nordique. Après un bref split (appelé "hiatus prémédité" par Sorceron) et une tournée fin 2007, le groupe entre en studio avec le producteur James Murphy (guitariste originel de Cancer, Testament et Obituary) pour enregistrer son premier album, "In The Shadow Of A Thousand Suns", qui sort en Octobre 2008, et sur lequel les anciennes influences metalcore n’ont définitivement plus leur place. En 2009, la claviériste Ashley Ellylon devient la nouvelle membre de Cradle Of Filth, délaissant ainsi Abigail Williams, et Sam "Samus" Policelli (batterie) décide de quitter le groupe à son tour afin de se consacrer à ses autres projets. Abigail Williams, composé à présent de Ken Sorceron (chant, guitare), Ken Bedene (batterie, basse) et Ian Jekelis (guitare) sort son nouvel album, "In The Absence Of Light", an automne 2010. "Becoming" suit en Janvier 2012 chez Candlelight Records. Toujours chez Candlelight, le groupe sort son quatrième album en Octobre 2015 se nommant "The Accuser". "Walk Beyond The Dark" sort en Novembre 2019 chez Blood Music.

Discographie :

2005 : "Gallow Hill" (Démo)
2006 : "Legends" (EP)
2008 : "In The Shadow Of A Thousand Suns"
2010 : "In The Absence Of Light"
2011 : "Becoming"
2015 : "The Accuser"
2019 : "Walk Beyond The Dark"


Les chroniques


"Walk Beyond The Dark"
Note : 15/20

Abigail Williams est le genre de groupe avec lequel on ne sait jamais ce qui va nous tomber dessus ! Le groupe est passé par une période black / deathcore, black sympho, black limite ambiant ou plus brutal, bref c'est le bordel et "Walk Beyond The Dark" risque encore d'être une surprise.

On voit bien vite en tout cas que les morceaux sont plus longs que sur "The Accuser" avec une durée moyenne qui se situe entre huit et onze minutes. "I Will Depart" ouvre l'album avec ses huit minutes justement et balance des riffs froids très black traditionnel dans l'esprit avec un léger souffle épique dans les mélodies et un mid-tempo qui domine en début de morceau. On retrouve des ambiances planantes avant que les blasts ne reviennent mettre leur grain de sel histoire de booster un peu le rythme en amenant avec eux plus de froideur dans les mélodies. Du chant clair s'ajoute à la fête sur "Sun And Moon" et le tout a des airs de rituel ou de cérémonie. Comme pour le premier morceau, les blasts viennent bien vite ajouter de la violence là-dedans, ce qui est plutôt bienvenue puisque cela permet d'ajouter de la dynamique dans des morceaux très longs qui risqueraient de s'enliser sans ce genre de coup de boost. "Walk Beyond The Dark" est habité par des ambiances assez froides, normal pour du black metal me direz-vous, certes, mais la violence qui parsème l'album n'est pas là pour donner un côté bourrin décérébré mais bien pour appuyer ce côté glacial, à l'image de la pochette finalement. Malgré ses expérimentations passées, Abigail Williams produit un black metal plus proche des origines cette fois même si évidemment on s'en distingue par plusieurs éléments. Notamment un "Ever So Bold" doté d'un solo très mélodique posé au milieu d'un morceau qui fait par ailleurs bien parler la poudre avec des blasts quasiment constants. J'y sens même une proximité avec des groupes comme Wolves In The Throne Room avec ces longs morceaux mélengeant le black metal froid et violent avec des mélodies presque sylvestres.

D'ailleurs, le début très mélancolique de "Black Waves" avec ces guitares en son clair et ces violons en renfort crée encore une ambiance différente et confirme qu'Abigail Williams ne veut pas rester bloquer dans un carcan et se permet de mélanger des influences diverses dans un black metal qui hérissera les poils des true mais qui fait preuve d'une honnêteté indiscutable. Et d'une certaine beauté aussi au passage parce que ce début de morceau est plutôt poignant dans le genre ! Le contraste avec les riffs dissonants et sales qui débarquent juste après est d'autant plus saisissant. "Born Of Nothing" fait encore pire en commençant sur une mélodie dramatique jouée aux violons là encore et embraye sans prévenir sur les pires blasts de l'album ! Abigail Williams aime prendre les gens à contre-pied et nous le fait savoir plus d'une fois en créant ce genre de contraste brutal entre parties magnifiques et contemplatives et furie incontrôlable sans aucune transition. "The Final Failure" convoque même les grands esprits du doom en plein milieu de morceau avec des riffs pesants, des growls bien profonds et toujours ces violons en fond pour ajouter encore du poids à cette enclume qui nous tombe dessus. Ken Sorceron, qui est finalement le seul maître à bord maintenant, multiplie les ambiances, pioche dans différents genres pour étoffer son black metal et ne se refuse aucune source d'inspiration même si sa musique reste cohérente et relativement homogène. Tout ça est en plus bien mis en valeur par une production assez propre et puissante sans verser non plus dans le son surcompressé ou surproduit, on garde un côté organique plaisant et surtout pertinent pour ce nouvel album introspectif.

"Walk Beyond The Dark" est donc un album qui une fois de plus trace sa route même s'il garde une certaine proximité avec son prédécesseur. On a tout de même des morceaux bien plus longs sur lesquels Abigail Williams prend le temps de développer ses ambiances et donc un black metal froid, assez rageur et qui sait se faire dramatique et poignant.


Murderworks
Janvier 2020




"The Accuser"
Note : 17/20

Abigail Williams, c’est le groupe de black metal américain aux visages multiples, débutant avec du blackened metalcore / deathcore puis faisant son petit bonhomme de chemin en abandonnant l’aspect metalcore et en s’enfonçant dans des sentiers plus symphoniques avec "In The Shadow Of A Thousand Suns" puis mélodiques avec "In The Absence Of Light" pour enfin dériver vers une musique un peu plus ambiante avec "Becoming". On comprend donc de suite que la formation à tendance à changer de caractère dans son black metal (notamment par rapport aux changements fréquents de line-up) et "The Accuser" ne fait pas exception.

La première chose qui frappe avec cet album, c’est la qualité de production qui est de loin la plus mauvaise avec des larsens à tout-va, sûrement pour posséder un son plus agressif et sale similaire aux productions norvégiennes des années 90. On a beau avoir cet aspect mis en avant dans tous les titres, on reconnaît tout de même la signature musicale d’Abigail Williams de par la voix du frontman Ken Sorceron – que je distingue très aisément, comparé à d’autres groupes de black metal – mais aussi par les riffs mélodiques et ambiants, caractéristiques du travail fait dans les albums précédents.

Si l’on commence avec "Path Of Broken Glass" qui est très agressif et qui a tendance à avoir des sonorités propres au DSBM, le reste ne donne pas la même impression mais reste cohérent dans la démarche. Trois titres m’ont particulièrement marqué : "Will, Wish And Desire", morceau ambiant et mélodique très "posé", singulier et qui est LE titre de cet album selon moi, "Godhead" qui le suit et qui contraste fortement en ayant une attitude plus agressive et hargneuse, et enfin "Nuummite" qui clôt l’album avec sérénité et mélodie, faisant beaucoup penser à du WITTR qui aurait été mixé avec Cult Of Luna.

En bref, il n’y a rien à jeter dans cet album car l’écoute est très simple et efficace, et glisse comme une lettre à la poste. Tout ça pour dire que "The Accuser" est pour moi le meilleur album en date.


Herizo
Janvier 2016




"Becoming"
Note : 19/20

Voilà un album qui risque d'en surprendre plus d'un. Si vous connaissez Abigail Williams en tant que groupe de black metal typé sympho bourrin avec des antécédents dans le deathcore (il faut avouer que l'évolution est curieuse), oubliez ce que vous avez pu entendre d'eux. Place à un black atmosphérique des plus planants et surtout, des plus intellectuels. Vu que 3 des compositions de l'album dépassent les 10 min (pour attendre 17 min sur la dernière piste), préparez-vous à une écoute plutôt longue (le CD dure 55 min). La brutalité s'est quelque peu estompée, les mesures sont mélodiques dans leur ensemble. Définitivement out, les riffs techniques, on glisse encore plus en profondeur dans le black traditionnel. La vitesse a été réajustée pour s'adapter à une ambiance bien plus atmos. Les sonorités symphoniques ont été étoffées. Hormis les choeurs, on trouvera du chant clair, du violon archi pleurnichard (oui mais c'est bien hein !) et même quelques flûtes planantes sur le court "Three Days of Darkness"... En tout cas, ce que j'en dis, c'est qu'on voyage sur cet album. Plus haut, encore plus haut. Le changement de style est édifiant et efficace, mais heureusement pour certains qu'"In The Absence Of Light" put être là pour servir de jonction, sans quoi la rupture aurait pu paraître trop radicale. Lamentable pour certains, cet album pourrait être vraiment plaisant pour beaucoup d'autres. Pour ma part, j'ai été conquis, même si j'apprécie beaucoup leurs anciennes affinités, bien plus brutales. "Beyond The Veil", la dernière folie de l'album, fait preuve d'une subtilité et d'une sensibilité rarement entendues dans des groupes de BM je dois dire. Le passage au violoncelle, bien que relativement curieux, casse vraiment l'image de bourrins écervelés qu'ils auraient pu avoir par le passé. Pour ma part, j'ai été touché par l'effort. Les dernières secondes laissent la place à un sentiment d'une fin de rêve complexe, par l'utilisation de déformations sonores assez particulières. Il est temps de se réveiller... Abigail Williams signe là une oeuvre intelligente et mature. On peut certes ne pas du tout aimer l'évolution assez floue de ces Américains, mais le projet est abouti, le défi réussi ! Personnellement les évolutions de style, quand elles sont bien faites (je ne parle pas d'évolution à la Morbid Angel, si vous voyez ce que je veux dire...), ne m'effraient absolument pas. Leurs changements ont suivi une logique assez insolite, mais une logique irréfutable tout de même, contrairement à de nombreux groupes. A quoi faut-il s'attendre pour le prochain opus, si opus il y a ?


Lukos
Janvier 2012




"In The Absence Of Light"
Note : 16/20

Le départ de la claviériste, Ashley Ellylon (partie vérifier si l’herbe était plus verte du côté de la bande à Dani Filth), a semblé être un coup dur pour Abigail Williams, dont l’esprit symphonique de son précédent album, "In The Shadow Of A Thousand Suns", n’avait pas laissé indifférent. 2010 : nouvel album, nouveau line-up. Exit les claviers, et retour à un black metal dit "à l’ancienne", c’est-à-dire plus cru et direct. Grande amatrice de toujours des envolées lyriques de toutes sortes, ce petit changement aurait pu remettre en question mon intérêt pour ces Américains. Sauf que ceux-ci, loin de se laisser démonter pour la simple cause d’un départ, sont retombés sur leurs pieds avec vivacité, afin de continuer leur avancée en lui apportant les quelques transformations nécessaires. Le résultat s’appelle : "In The Absence Of Light" (on remarquera au passage la continuité logique des titres donnés aux albums et l’optimisme qui en dégouline par tous les pores), qu’ouvre un "Hope The Great Betrayal" rappelant curieusement le Dimmu Borgir de l’époque "Spiritual Black Dimensions"- constatation des plus plaisantes, en ce qui me concerne ! Une excellente mise en bouche, que j’espère bien entendu précurseur de mille-et-unes bonnes autres surprises ! Arrivée en fin de parcours, l’heure du verdict tombe : parler de quelconques "surprises" ne serait pas adapté. La voix criarde et coléreuse, les blasts incessants, les riffs tranchants et saccadés… Les stéréotypes du black metal sont à la fête ! Et a priori, des stéréotypes incapable de me toucher. Sauf qu’Abigail Williams possède ce détail qui, à lui seul, réussit à marquer la différence ; cette petite dose d’accessibilité de part ses atmosphères (qui a seulement prétendu une fois que seuls les samples et les claviers étaient qualifiés pour donner son ambiance à un morceau ?) voilées, ténébreuses, ainsi que part les touches mélodiques disséminées de çà et là, notamment dans les quelques soli à la présence un peu surprenante, mais néanmoins bienvenue ! "In The Absence Of Light" est, en conclusion, un album tout ce qu’il y a de plus conventionnel dans le genre dans lequel il évolue, mais la dextérité avec laquelle il est mené fait de lui un objet assez intéressant pour qu’on se penche sur son cas plus en profondeur. Les auditeurs friands de black metal y trouveront leur compte !


Gloomy
Septembre 2010


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/abigailwilliamsofficial