L'article

JONATHAN DAVIS ET SES CONSORTS DJ
Une nuit musicale à Sydney
Sydney (Australie)
04/12/10


Article rédigé par ePo


Hier, pendant quelques minutes, je me suis dit que JONATHAN DAVIS n’était pas si con et parano qu’il y paraissait. Mais avant d’en venir à ce constat, retraçons brièvement la chronologie de ma soirée d’hier (pas entièrement, parce que vous allez finir par me détester).

Il y a quelques mois, j’étais toute excitée quand j’ai vu que Korn allait jouer à sydney, ville dans laquelle je me trouve depuis 5 mois. Parce que oui, alors que j’étais fan de la première heure, je n’ai encore jamais vu Korn en concert. Disons que mon histoire d’amour avec Korn a connu de nombreux remouds.

Je suis née en 1987, et alors que je traînais des pieds dans cette période ingrate que l’on nomme adolescence, le groupe Korn était en pleine expansion (du moins c’est comme ça que je le percevais). "Issues" est sorti en 1999, et il n’était pas rare au collège de croiser "Les grands" arborant un tee shirt Korn. Alors forcément, on est intrigué, on se demande ce que ça peut être comme musique, et surtout, pourquoi c’est si populaire et "hype" d’écouter Korn (rassurez-vous, aujourd’hui, les adolescents sont toujours aussi cons, mesurant leur cote de popularité aux groupes qu’ils écoutent). Puis un de mes amis me dit qu’il connaît quelqu’un qui grave des cds au prix de 30 Francs (ça nous rajeunit pas tout ça). Je saute sur l’occasion, et je lui commande deux CDs : "Life Is Peachy" de Korn (pourquoi celui-là, je me le demande), et Ignition d’Offspring. Tout ça bien sûr, sans en parler à mes parents de peur qu’ils m’engueulent. Peur des parents et du gendarme.

C’est alors que j’étais en cours de solfège que la sœur de mon ami suivait aussi qu’elle me délivra le précieux présent. En précisant "Il est bien cet album, c’est celui où il fait le chien". Elle parlait de la chanson "Twist", qui n’a assurément rien à voir avec Caninus. J’écoute, et j’aime. Enfin, pas du premier coup, je vous le rassure. Je commençais juste à tâtonner dans le milieu. Les années passent, je me procure d’autres opus : le self titled, "Issues" – même si ce dernier fut plus difficile d’accès- "Untouchables". Mais jamais "Follow The Leader", parce qu’il est rap, et que forcément, à l’époque, quand on a choisi son camp, on décide aussi de détester l’autre. Ce qui est très stupide, mais le plus stupide, c’est surtout que certains continuent à penser de la sorte.

Bref, je grandis, et j’évolue. Mal. Puisque du jour au lendemain, je décide de cracher sur Korn, voulant me la jouer "trve métalleuse" avec des discours genre "Le néo metal c’est de la merde". Alors du coup, les concerts, on évite. En même temps, vu que j’étais toujours ado, je pouvais pas trop espérer aller en concert, surtout vu la région d’où venait, et surtout vu les parents que j’avais (et que j’ai toujours, je vous rassure, mais maintenant, je suis majeure et vaccinée). Re bref. Je grandis, encore, et je deviens moins conne. Enfin, je l’espère, puis Korn passe en concert près de chez moi, mais j’y vais pas. Après, ils font des toujours des concerts oui, mais trop loin. Et j’ai la flemme (et un manque d’argent aussi).

Alors quand il y a quelques mois, je découvre que Korn passe en concert à 3 stations de métro de chez moi, je suis super contente. Mais mon enthousiasme se prend un mur en pleine face quand je découvre le prix : 84 Dollars. Ha oui, sympa. Et sinon, je vends lequel de mes parents pour financer le concert ? Sauf que malheureusement, ce sont la norme au niveau des prix prodigués en Australie (je citerai une anecdote plus bas, qui parle d’elle-même). J’abandonne l’idée, avec un arrière goût amer dans la gorge.

Les semaines passent, et j’apprends que Comeback Kid, groupe que j’apprécie énormément, sera aussi en concert à Sydney, le même jour que Korn. Je me dis "Adieu Korn, 84 Dollars, c’est trop cher, j’irai écouter du hardcore, ça sera plus cheap". Quelle naïve je suis : me rendant sur le site de la "venue" qui accueillait Comeback Kid (ainsi qu’Architects, This Is Hell et Rolo Tomassi), je me réjouis de voir que non, ce n’est pas 84 Dollars, mais seulement 56. Quelle aubaine n’est-ce pas ?

J’appréhendais mon week-end, me disant qu’alors que de nombreux groupes que j’appréciais allaient abreuver les oreilles d’un nombre incalculable de personnes, je ne ferai pas partie des heureux publics. Ma seule consolation : un club "metal" (enfin, là encore, on ment un peu sur l’étiquette) où je me rends accueillera JONATHAN DAVIS pour un mix d’une heure. Ça ne m’a pas étonnée, ayant déjà vu qu’au Luxembourg, la même configuration avait eu lieu : concert de Korn, et ensuite DJ set par JOHN DAVIS. Les clubs méritent une petite parenthèse. J’ai passé ma première soirée dans un de ses clubs, qui se veulent metal. J’étais étonnée d’une part par la musique diffusée (bon, ça dépend des salles, mais y a tout de même du old Metallica, qui croise du Limp Bizkit et du old Linkin Park. En gros, tout ce qui n’est pas rnbisant ni techno), ainsi que par la population : cyber goth, coreux, métalleux. Le tout, entièrement tatoué alors que ces jeunes gens ne frisent même pas la vingtaine.

Parenthèse fermée. En me baladant sur Facebook (le seul outil publicitaire qui en vaille la peine. Ironie /OFF), je vois que le club qui accueillera JOHN DAVIS organise un concours. Les deux plus rapides à répondre à une question (qui ne vole pas haut) gagneront un double pass pour Comeback Kid et Architects. Ni une ni deux, j’ouvre ma boîte mail, et je réponds à la question (qui est la tête d’affiche du Soundwave 2011 ?). Cinq minutes plus tard, je reçois un mail me confirmant que j’ai gagné. Mon Samedi soir ne sera pas si nul finalement.

J’arrive au Virgin Metro Theater, je me rends dans la file "Guest list", je me fais tamponner, et je cours m’appuyer sur la barrière le long de la scène. Je ne ferai pas de live report, c’est pas le but de ce papier, mais ce que je peux dire, brièvement, c’est que c’était un concert assez impressionnant. Architects, que je n’apprécie que moyennement en galette, et dont la prestation Luxembourgeoise du Never Say Die 2009 ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable, a totalement déchiré. Un de mes meilleurs concerts 2010, j’ai envie de dire. Bon, peut-être aussi parce que le chanteur était bourré. Il sautait sur scène, a fini allongé par terre, pieds nus. Avec Comeback Kid, je n’ai pas demandé mon reste non plus, j’ai été servie. Avec le chanteur qui fout dégage d’un bras les gars de la sécu afin de pouvoir aller se mettre sur la barrière pour chanter et tendre le micro au public. Et qui, lorsque le public demande un rappel, proclame "On va même vous faire 3 chansons supplémentaires, après tout, vous avez bien payé 60 Dollars pour venir." C’était la deuxième référence qu’il faisait au prix. Visiblement, il n’y a pas que pour moi que la pilule monétaire passe mal. A la fin du set, il précise "N’oubliez pas de venir au club Teen Wolves, les groupes s’y rendent pour mixer". Teen wolves, le club en face de Venom, celui qui accueille JOHN DAVIS. Voilà comment on se concurrence dans le milieu de la nuit métallique.



Je sors de la salle (enfin, je me fais inviter à sortir de la salle par le gentil gorille), et je commence à rentrer chez moi. Venom est sur mon chemin. Je sais toujours pas si je compte y aller, surtout parce que c’est 10 Dollars l’entrée. Je croise une copine qui me dit que JOHN DAVIS est en train de mixer depuis 45 minutes déjà. Et là, idée de génie. Et de fraudeuse, je l’avoue aussi. Je décide de rentrer, et aux portes, de montrer le tampon du Metro, qui ne ressemble en rien au tampon Venom. Sauf que… ça marche ! Et voilà comment on entre gratuitement dans un club. Ni une ni deux, je me précipite à l’étage, et je vois une pièce bondée. J’arrive à me faufiler, et je vois JOHN DAVIS. A fond dans son mix, chantant les paroles des morceaux qu’il diffusait. Notamment des morceaux de Ministry, ainsi que des mix dub. Et là, je me dis qu’il a pas l’air si taré ce type. Bon, c’est sans compter les 2 vigiles qui sont devant lui pour barrer l’accès à des groupies en folie. Je le vois mixer pendant une quinzaine de minutes. Et je vois que le staff du club ainsi que les mecs de la sécurité s’agitent. JOHN remercie les gens de l’avoir écouter, et commence à remballer ses affaires. Il sort de sa "loge" DJ, et là, c’est deux vigiles devant lui, un de chaque côté, et deux derrière lui, alors que lui se recroqueville genre "je me cache". Ha bah non, finalement il est toujours aussi con. Il avait peut-être peur que qu’un méchant gothique lui saute dessus, et le morde, je ne sais pas. La salle se vide. J’ai d’ailleurs jamais vu une salle se vider aussi vite. Soit. Après une dizaine de minutes, je redescends aussi, et je vois que dans la salle "du bas", il y a une sorte de carré VIP. Le reste du groupe ainsi que de la pétasse siliconnée (et je pèse mes mots), sont attablés, buvant l’alcool que le club leur a gracieusement offert. Bien sûr, JOHN DAVIS n’est pas là.

Tout de même ravie d’avoir vu la bête, je me demande ce que je fais. Si je reste ou si je pars. Puis je lance à mon compatriote Français qui m’a accompagnée toute la soirée "Viens, on tente la même chose à Teen Wolves". On traverse la rue et on entre à Teen Wolves, on montre notre tampon, et encore une fois, ça marche. Sauf que là, contraste total avec ce qui se passait de l’autre côté de la rue : un club totalement vide.



Les membres d’Architects et de Comeback Kid sont là. Je vais faire signer mon affiche et je prends quelques photo. Alors que je vais me prendre un verre d’eau (oui, quand on n’a pas de sous, on boit de l’eau), le chanteur de Comeback Kid est accoudé au bar. Je lui souris, et lui sors mon affiche. Il la signe, et me dit "Nice Shirt". Ce soir-là, je portais mon tee shirt Sick Of It All. Il m’apprend d’ailleurs que Comeback Kid va partir avec SOIA en tournée en Amérique du Sud, et qu’il a hâte. Il remarque mon accent, me demande d’où je viens, et on cause quelques minutes. Je lui sors que le club est vraiment vide, et que ça doit être chiant pour eux. Lui de me répondre "Oh, tu sais, on a été payés pour venir ici, alors bon, même si y a personne, on reste".



Sauf que pour le coup, ça la fout mal au club qui a déboursé en pensant attirer du monde, alors qu’en fait, y avait plus de staff et de vigiles que de clubbers. Un des gars de la sécu me dira plus tard que les gens ont déserté après que les groupes ont joué. Parce que oui, parfois, en club, y a aussi des groupes qui jouent. Mais quels groupes : des groupes typiquement Australiens. Ça donne un peu une idée du public Australien, un peu trop chauvin à mon goût. En tout cas, ça reste toujours une anecdote marrante à raconter : j’étais dans un club où les membres d’Architects et de Comeback Kid ont fait les DJ, il était vide, et je me suis fait chier. Au final, j’ai passé une bonne soirée. Surtout que j’ai rien déboursé, alors que si je l’avais joué à l’Australienne, j’en aurais eu pour 78 Dollars au bas mot (56$ de concert, 10$ pour Venom et 12$ pour Teen Wolves).