Certains anniversaires ont une teneur symbolique que l’on découvre bien des années après. En 1986, lorsqu’on t’offrait ton premier 45 tours, tu te rendais obligatoirement au rayon disquaire des Nouvelles Galeries, le seul endroit disposant d’une platine qui te permettait d’écouter les titres avant de les acheter. Une bonne grosse un peu négligée t’incitait à choisir entre le dernier titre de Corbier ou le générique des Mystérieuses Cités d’Or. Par un heureux hasard, un jeune stagiaire, sosie du grand Duduche, embraya sur un hymne qui allait entrer quelques temps plus tard dans l’histoire du hard rock et faire de moi un ardent défenseur du genre. Et pourtant rien ne me prédestinait à cette révélation, la pochette kaki sur laquelle posaient fièrement cinq vikings peroxydés était peut-être moins aguicheuse qu’un Bernard Minet déguisé en Force Rouge.

Vingt-neuf ans plus tard, EUROPE est toujours là, plus fringant que jamais. C’est avec une réelle émotion que j’assistais à une conférence de presse organisée pour la sortie de leur nouvel opus, "War Of Kings". Avant de rencontrer Joey (Tempest, chant), nous avons eu droit aux cinq premiers morceaux dans des conditions techniques optimales. Produit par Dave Cobb, un puriste du son made in Nashville, on peut déjà classer "War Of Kings" dans un style classic rock à fortes tendances blues et bénéficiant d’envolées speed. Nous pouvons déjà, sans trop spéculer, affirmer qu’EUROPE plaira non seulement à leurs fans de la première heure mais également à ceux qui n’étaient pas nés lors de la sortie de "The Final Countdown".

Les Suédois ont prouvé aux sceptiques que "Bag Of Bones" n’était pas un formidable succès critique sans lendemain, leur réadaptation à l’industrie musicale après une pause salutaire de dix ans est remarquable, comme nous le confirme un Joey plus prolixe que jamais :
"War of The Kings" est l’album que nous avons toujours voulu faire depuis que nous étions gamins et que nous écoutions Led Zeppelin, Deep Purple et Black Sabbath. Après avoir entendu le boulot de Dave Cobb pour Rival Sons, nous étions simplement obligés de travailler avec lui pour continuer l’aventure !" […] "Tous les membres ont participé à l’écriture et ont contribué à apporter une couleur à l’album" [...] "Le hard rock fait partie de nous, de notre façon de vivre, nous y injectons notre expérience de la vie, notre vécu, nos émotions, de ce fait "Bag Of Bones" nous a apporté une légitimité pour le live, cet album très bluesy était parfait pour être défendu sur scène" […] "Le live est la manière la plus directe de tester la réaction du public, les réseaux permettent également de se sentir plus proche des fans, de leurs attentes, il est nécessaire d’évoluer sous peine d’être relégué au rang de groupe des années 90."

Un Joey lucide et pragmatique quant aux enjeux d’une industrie pas au meilleur de sa forme. Les Suédois pourront cependant vérifier leur cote de popularité lors d’une tournée débutant le 2 Mars prochain, le même jour que la sortie de l’album, avant de rejoindre une autre légende du rock fin 2015, en la présence de Scorpions pour une affiche qui s’annonce comme le must de cette année.

Note sur les 5 premiers titres : 8,5/10